Blues Pills – Blues Pills
Blues Pills
Nuclear Blast
Blues Pills ? Le cas est intéressant et il mérite bien qu’on s’y penche. Propulsé super groupe de la vague rétro pattes d’ephs pour sonorités toutes droites sorties d’une DeLorean bloquée sur les années soixante/soixante-dix, Blues Pills est un cas d’école. Car, plus qu’un autre, le groupe multinational a autant gagné les faveurs de la presse et du public potentiel (hardos, amateurs de blues-rock et certains nostalgiques) que le profond dégoût pour d’autres, n’y voyant là qu’un produit formaté et opportuniste, doublé d’une opération de com rutilante où les tenues hippies côtoient les pochettes bariolées de femmes à la nudité affolante. Décidément intéressant n’est-il pas ? Bon, déjà, sachez qu’on tape ici dans le registre du groupe à chanteuse. Vous savez, celles qui démontrent que leur organe est aussi puissant que mélodique, voire maternel. Et là, de la puissance, t’en bouffes à la louche mon mignon. Blues Pills fait presque hommage à Janis Joplin tant la voix d’Elin Larsson y est mimétique, avec un soupçon de Grace Slick au passage. Tu rajoutes des lunettes rondes, le même sourire, et c’est bon, tu peux prendre la photo. Je sais bien qu’on en a fait l’attraction principale du numéro, mais avouez que son timbre de soul woman follement volcanique a de quoi calmer maintes ardeurs les plus guerrières pour cueillir une fleur en chemin.
Mais le pire, c’est que le reste suit, que ce soit la section rythmique joyeusement sautillante que des envolées « led zeppeliennes » du jeune prodige, un français de 18 ans à la guitare. D’accord, j’avoue, l’ensemble fait très « conservatoire » pour premiers de la classe, et on a quand même la nette impression d’avoir déjà entendu ça dans les vinyles de papa-maman en passant par The Kiki Dee Band à Mashmakhan, sans oublier les références Doors-Hendrix-Sabbath ou encore Jefferson Airplane. Aussi, bon nombre de groupes moins médiatisés auraient tout aussi bien pu sortir la tête du panier (avec les mêmes recommandations de CV) si Blues Pills n’avait pas été tiré au sort à la loterie par Nuclear Blast avec les allemands de Kadavar. Car, oui, Nuclear Blast, ça fait déjà plus commercial (le vilain mot), et ça permet d’avoir des papiers dans le Nouvel Obs, entre autres papelards.
Boum Patatra !! N’en jetez pas plus pour lancer une fatwa. Mais bon, moi, je m’en cogne les cristallins avec des mandibules de cloportes. Car, ce qui reste dans la musique du combo americano-suédo-français, c’est ce plaisir d’écoute inaltérable qui fout la banane. Oui, cet album est constitué de reprises et démos du groupe, point de vue inspiration, on a vu plus sex, et on se demande quand même si le Blue Pills ne risque pas de tourner en rond très vite en alignant best-of sur best-of de melting-pot d’influences, mais…
Oui, mais moi, je n’y peux rien, Blues Pills agit comme une drogue. Ce côté passéiste (ben oui, qui a vécu cette période ici ?), ces habits ridicules, cette intensité musicale, cette voix chaudissime, efficace et simple, ça le fait. Et ne soyez pas surpris de remettre certaines faces en boucle. Blues Pills, c’est une certaine définition du bonheur, avec Janis Joplin dedans.
Jérémy Urbain (7,5/10)
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belle voix !!!…
Oui, on dirait vraiment le style Janis Joplin 🙂