Blind Guardian en concert au Bataclan, Paris, le 14 avril 2015
Blind Guardian + Orphaned Land au Bataclan, Paris, le 14 avril 2015
Il est 18h30 quand je sors de la station « Oberkampf » pour longer le Boulevard Voltaire en direction du Bataclan. Affolé par la file d’attente aussi longue qu’un chemin de croix, je ne me décourage cependant pas et j’use de ma discrétion légendaire pour m’insérer en tête du cortège. Une fois dans la salle, mon oreille affutée reconnaît immédiatement Crimson Glory en fond sonore, bientôt suivi par Def Leppard et Black Sabbath période Dio. Bref, une programmation axée sur les hymnes heavy metal des années 80… Au bout d’une demi-heure, je m’étonne cependant de voir que la salle n’est toujours pas comble. La longueur de la file d’attente n’était donc qu’illusoire !
Il est 19h15 quand Orphaned Land, des Israéliens qui ont tenté le syncrétisme de la musique traditionnelle orientale et du metal, se décident à entrer en scène. Pieds nus et vêtu d’un habit noir à capuche, le chanteur a véritablement des allures de messie ! Alternant entre débauche d’énergie et rythmiques dansantes, sur des scantions tour à tour psalmodiées et hurlées, le groupe nous offre une échappée en Terre Sainte, pas toujours du meilleur effet. Comme, quand l’amie « musulmane » monte sur scène et esquisse une danse du ventre pendant la prestation de nos Israéliens. On a alors l’impression de voir une de ces vidéos Youtube où un groupe traditionnel est pastiché sur fond de metal extrême. C’est d’un mauvais goût assez affligeant. De même, les deux derniers morceaux qui font participer le public sur des lignes de chant banales donnent l’impression d’un groupe de variété ! Bref, un bon début avant de sombrer dans la soupe.
Mais fort heureusement, dès 20h30, les allemands de Blind Guardian sont là pour mettre plus de mordant. Leur chanteur, Hansi Kürsch, à l’humour débridé, se déplace avec la grâce d’un danseur étoile, ce qui contraste quelque peu avec l’énergie déployée dans sa voix. Sa prestation vocale est par ailleurs magistrale, mêlant accents implorants et rage passionnelle. L’accompagnement « torpillant » de ses acolytes est également sans faute. La guitare « cancane » de manière aussi fluide que sur les enregistrements studio, ce qui n’était pas gagné d’avance tant les solos sont alambiqués. Le batteur, à l’énergie débordante, se présente crâne rasé et torse nu. Osons alors le rapprochement avec Gollum, d’autant plus que l’imaginaire de Tolkien est indissociable de l’univers de Blind Guardian.
En outre, les chœurs, qui contribuent beaucoup à la magie du groupe, sont bien là. Le public y contribue d’ailleurs, d’autant plus que, comme l’a annoncé le chanteur, le concert est enregistré et que certaines pistes se retrouveront sur un album live. Et nos allemands ont de la chance, c’est un public en or qu’ils retrouvent ce soir, qui connaît les chansons sur le bout des doigts et reprenant avec beaucoup d’entrain les refrains accrocheurs. Privilégiant les hymnes power/speed metal dans leur programme, ce sont également des moments d’une grande tendresse que le groupe partage avec ses fans. Ainsi, la ballade « Nightfall », et des morceaux en version acoustique d’une beauté à faire pleurer, permettent d’apprécier davantage les qualités vocales de Hansi.
En outre, quand vient en rappel l’orientalisant « Wheel Of Time », c’est la première partie de la soirée qui revient à notre souvenir ! Une première partie qui était bien en demi-teinte en comparaison de la tornade Blind Guardian qui nous a fait vibrer au son de ses titres les plus entraînants.
Lucas Biela