Birds In Row – You, Me & The Violence
Birds In Row
Deathwish. Inc
C’est un premier album, et c’est déjà une claque. Je pourrais limite m’arrêter à ça. Bon, d’accord, je fais un effort mais, de toute façon, ça reviendra au même. Birds In Row est un trio Français, ils ont parcouru le monde pour y donner plus de 250 concert. Une expérience qui les a rendus plus sûr d’eux, de leur potentiel, davantage à l’aise dans la hargne, le nihilisme, ça va de pair. Ils ont été remarqués par Converge, résultat, le premier opus déboule sur Deathwish. Et là, c’est la baffe. Je l’avais bien dit que je reviendrai au point de départ ! Un larsen en bonne et due forme, et voilà que ça débourre. C’est méchant, certes, ça transpire de cette rage, ce sentiment d’aller au combat sur un champ de bataille bourbeux où le sang se mélange à la pisse et les tripes. Les birds ont pris leur envol de leurs ailes noires. Ils survolent la mort, la respire. Ils crachent, vomissent sur cette engeance qui ne pense qu’à se foutre sur la gueule, que ce soit au travail, méthodes pernicieuses à l’appui, au foyer, battre la femme qu’on aime, se laisser couler dans cette désillusion qu’on ose à peine se regarder dans la glace et qu’aucune thérapie ne viendra poser une plume d’espoir.
Birds In Row parle de moi, de toi, de la société, de la vie, de la barbarie, de l’horreur quotidienne, mais il sait y mettre les formes. Il change le tempo, la vélocité, il arrive à poser des instants d’émotions dans ce torrent d’intensité, ces brefs moments d’émois qui traversent le béton et la pierre. Sous ces hurlements, c’est une plainte qui se dessine hâtivement. Pas le temps de s’appesantir, chaque bloc en demande un autre et encore un autre. Monter sa propre muraille de Chine avec les moyens du bord Leroy Merlin, le son qui fait reculer les peureux et attire les autres dans une orgie de décibels. Forcément, ça claque… On retrouve même la patte de Loma Prieta. Violence et sensation, brutalité et émotion en un seul mouvement de contraction et de rejet désespéré.
Birds In Row fait tout ça mais il va encore plus loin, il se permet de se poser pour mieux contempler, il suspend son vol pour mieux se rendre compte et rendre compte. Les instruments semblent presque s’épuiser de leur énergie, leur colère, mais le groupe ne veut pas s’en arrêter là. La sentence se doit d’être « al dente », aussi termine-t-on sur une ode plus lourde, plus longue sans en perdre sa pugnacité affolante. La voix, en bout de course et du paquet de malbacs, ne peut s’empêcher de crépiter dans un souffle rauque. Tant pis, on prend ce temps. Entendez le, lui, toi, oui toi, moi, surtout moi, Birds In Row te rabaisse, il t’entraîne dans ces ténèbres qu’on connait, tous. Dans ce désespoir, il sait te foutre une pêche, celle qui réveille, qui te dit « Regarde-toi hé, connard !! ».
Toi, moi, on s’écrase, les oiseaux nous ont chié sur la gueule. On est bon pour le pressing. Les piafs, quant à eux, continuent leur vol, ils scruteront de leur yeux et rappelleront leurs ombres sur nos caboches. C’est fini… Comment ne pas apprécier. « You, Me & The Violence » est une claque, je l’ai déjà dit dès le début de ma chronique, donc forcément je le répète, je n’ai fait que ça de redire sous différentes formes ce que je pensais initialement. C’est une putain de claque. Celle qui fait changer le barème d’une année pour tout chroniqueur à la con qui fait son top 10 en décembre… Premier album et brulot sur la langue… Irréversible…
Jérémy Urbain (8,5/10)