Jess & Saturn 5 – Biosonica

Biosonica
Jess & Saturn 5
2008
Autoproduction

Jess & Saturn 5 – Biosonica

« Biosonica » est un vaste entrelacs de sonorités qui s’entrechoquent, scintillent, résonnent, s’alarment, soufflent, entrent en introspection et s’émerveillent, autour de mélodies tour à tour angoissées et radieuses. Derrière cet univers foisonnant, qui réunit la contemplation de Tangerine Dream, l’anticipation de Kraftwerk, le robotisme de Giorgio Moroder, et la légèreté de Pet Shop Boys, se cache un vrai passionné de musique électronique, le mexicain Jesus Castellanos, alias Jess. Saturn 5, clin d’oeil à la fusée, est en fait le nom que notre synthétiste donne à son équipement. Sur cet album, certaines compositions évoquent un monde en éveil ou en effervescence. Ainsi, le morceau d’ouverture, sur fond de chant d’oiseau, est un véritable patchwork à la manière de Yello. Il permet d’annoncer d’emblée l’étendue des sonorités qui attendent l’auditeur. Par ailleurs, les sons éclosant, les scintillations et les bouillonnements de « 1991 » font défiler des images de nature s’éveillant à l’aube. Plus loin, c’est un monde en construction qui s’offre à nous avec « Under The Empty Space » et ses sons furtifs (perceuse), ses éléments percussifs (façonnage des matériaux), ses bruits s’entrechoquant (travail de la tôle) et ses étincelles (soudure).

« Call Now », quant à lui, fait pénétrer dans le monde de la communication et des médias (la composition des numéros, les sonneries, les ondes radio). Ce morceau évolue entre émerveillement (le foisonnement de synthés scintillants, les nappes légères se déployant progressivement) et angoisse (la voix agonisante, les synthétiseurs tour à tour alarmés et hantés). On retrouve d’ailleurs ces deux caractéristiques sur « Stratos », où un univers inquiétant porté par des lasers, alarmes et tourbillons, est balayé par un vent de sérénité. Certaines pièces ne présentent qu’une seule de ces deux facettes. Ainsi, « Welcome To My Mind » est un vrai feu d’artifices avec des sons fusant dans tous les sens.

Jesus Castellanos

A l’inverse, « Camila » est une pensée qui hante notre esprit. L’envie nous prend même de danser sur d’autres pistes (dans les deux acceptions du terme !). Citons « TD Factory », où le fantôme d’OMD y côtoie l’esprit de Tangerine Dream dans cette flûte évanescente. De même, « Polar eclipse » est un tourbillon d’allégresse avec ses sons hypnotiques et ses rythmiques appelant à la danse. « New Age Is Over » est d’ailleurs son pendant angoissant, avec ses voix implorantes, ses alarmes obsédantes et ses échos hantés.

Entre musique réflective et electronica rythmée, nous sommes donc invités à un ensemble organique, qui respire, et qui nous confie ses joies et ses peines. Petite perle pour tout amateur de musique électronique, « Biosonica » ratisse assez large dans les influences tout en se forgeant sa propre identité. Un véritable joyau dont il serait vain de se priver.

Lucas Biela (9/10)

http://biosonicajess.blogspot.fr/

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