Bilal – Bilal

Bilal
Bilal
Atypeek Music / Winslow Records / Decagon / Araki Records
2020
Rudzik

Bilal – Bilal

Bilal - Bilal

Quand je chronique, je suis un roi… nooooooon, je ne vous infligerai pas une chronique de Bilal Hassani. Je préférerais amplement vous parler d’Enki Bilal mais là n’est pas non plus le sujet. Aujourd’hui, nous nous en tiendrons à Bilal tout court… Ils me font toujours sourire ces groupes avec des noms qui leur garantissent de ne pas apparaître en premier dans les moteurs de recherche à l’instar de ceux que j’ai chroniqués assez récemment comme A.C.T. ou Altesia. J’appellerais ça du masochisme musical commercial ! Mais Bilal ils sont et Bilal ils persistent puisque c’est également le nom de leur premier album.
Il s’agit au départ d’une rencontre fructueuse entre Uriel Kadafi (bon, si tu cherches « Kadafi » sur le web, t’es certain de ne pas trouver Uriel en premier non plus!) et Raphaël Léger, respectivement guitariste et bassiste/claviériste. Ces deux gars partagent la même passion des rythmiques asymétriques et complexes mais pour autant très agréables à l’oreille. Les compos qu’ils élaborent fiévreusement les incitèrent à s’entourer de deux acolytes supplémentaires à savoir Yann Marteil et Louis Weill déjà complices dans A Shrimp Case, pour pouvoir les jouer en live. Le quatuor de math/prog Bilal était désormais paré pour se balader de scènes en scènes pendant… cinq ans avant de sortir son premier EP éponyme. Cela explique à quel point ces titres ont pu être peaufinés et pourquoi le résultat est aussi abouti.

Bilal - Bilal band1
Le propos est majoritairement acoustique et instrumental (si l’on excepte quelques chœurs) ce qui ne l’empêche pas d’être entraînant du fait de rythmiques plutôt endiablées dont l’asymétrie confère souvent un côté jazzy presque sud-américain aux compositions. Ceci est paradoxal car les percussions ne sont pas surabondantes et n’éclipsent pas la richesse du jeu de batterie tout en touché de Yann. On en trouve surtout sur le début de « Soufre » et de « 22h22 ». Bon, on n’est quand-même pas au pays de la bossa-nova même si parfois il ne manquerait pas grand-chose pour s’y croire (« Fièvre », « Zeste », « Soufre »). Pas au pays de la bossa-nova donc mais pas non plus au royaume des décibels. La plupart des morceaux commencent légèrement et se renforcent avec quelques riffs plutôt basiques et à la puissance contenue dans leur partie finale (« Zeste »).
Alors, on imagine aisément des doigts de fées courant à l’unisson sur les cordes des guitares des trois gratteux le temps d’un « 520 Térahertz » où leurs arpèges virevoltent et s’entrecroisent, la basse n’étant pas la dernière à ce petit jeu là. Bilal reprend le même credo pour une « Pépite » enthousiasmante qui porte bien son nom et donne vraiment la banane de par son allégresse générée. D’ailleurs, Raphaël me confiait que sa rencontre avec Uriel l’avait incité à rendre sa musique moins sombre qu’auparavant. Objectif atteint ! Sa fibre plus progressive (partagée avec Yann et Louis) que celle d’Uriel, plutôt branché math ou post-rock, fait qu’un étonnant équilibre a été rendu possible avec pour conséquence de ne pas se complaire dans des sections interminables (même lorsqu’elles sont confortables), quitte à faire des morceaux courts et denses. Pourtant, l’ultime « 22h22 » se montre toutefois très progressif. On y trouve sous différentes formes une opposition entre une rythmique simpliste (par exemple cette grosse caisse disco dès le début ou un riff hyper basique sur la fin) et un garnissage musical très fouillé que cela soit en matière de percussions, d’arpèges de guitares et même de touches électro. Quelques accords de violoncelle sont également judicieusement plaqués par l’invité Manon Louise Rudant pour enjoliver encore un peu plus l’ensemble.

Bilal - Bilal band2
Pour un enregistrement « à la maison », la production de cet album est très honnête mais il est vrai que Bilal ne cherche pas à obtenir un gros son, ce qui serait un péché tant sa musique jubilatoire respire la légèreté. Bilal éclipsera t’il ses homonymes sur la toile ? Il est permis d’en douter car la volonté du groupe de sortir des sentiers battus le confinera dans une certaine confidentialité qui lui sied toutefois comme un gant. Pour autant, ses ambitions musicales méritent qu’on y prête une oreille attentive et pourquoi pas, lors du concert de sortie de l’album qui aura lieu le 21 Mars à Lyon, au Sonic.

https://www.facebook.com/moicestbilal/

https://thisisbilal.bandcamp.com/

 

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