Big Big Train – Folklore

Folklore
Big Big Train
English Electric
2016

Big Big Train – Folklore

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Il n’y a pas à dire, le corvidé de la pochette, œuvre de Sarah Louise Ewing, attire tout de suite l’attention sur ce nouvel album de Big Big Train. Avec leur neuvième opus studio, nos désormais Anglais-Américains-Suédois creusent peu à peu leur sillon parmi le gratin du rock progressif symphonique. Car si, d’album en album, BBT a patiemment construit son univers, entraînant avec lui de plus en plus d’amateurs et de fans, je dois bien avouer que le groupe avait un peu échappé à mes sonars… Mais quand ce Folklore m’est tombé entre les oreilles, un sourire de ravissement est apparu sur mon visage. Diantre, me suis-je dit, voilà un groupe qui a vraiment l’art de la composition et la manière de faire sonner ses mélodies, et je ne m’en serais pas aperçu plus que ça ! Bon, on ne peut pas être partout, dans le ciel et dans le train en même temps… Alors, gaillardement, je me suis lancé dans l’écoute, jusqu’à l’imprégnation totale. Il faut dire que ce Folklore a plusieurs avantages qui forment autant d’indices de la possibilité pour moi de prendre Big Big Train en affection.

D’abord, Folklore raconte des histoires qui traversent les siècles et les ambiances. Les titres sont superbement écrits et composés, transcendant les genres, même si de nombreuses influences sont marquées et marquantes, avec bien entendu la prégnance du rock progressif, à la sauce anglaise, très folk, un brin Canterbury, un soupçon théâtral. Cela donne un équilibre subtil entre les parties chantées, les breaks, les parties laissées aux solistes (jamais dans la démonstration gratuite), pour former une unité tout à fait particulière, subtile et entraînante. L’art du storytelling n’appartient finalement qu’à peu de groupes et parmi ceux dont on peut retrouver l’inspiration ici ou là sur ce Folklore, on trouve pêle-mêle le premier Genesis, bien entendu, mais aussi le premier Peter Gabriel en solo, Marillion, Jethro Tull, bref, des groupes très anglophiles, qu’il viennent de la vieille Angleterre, d’Écosse, ou qu’ils aient même quelques accents irlandais. Oui, cet album est progressiste, épique, celtique, et moi je vais finir par devenir dithyrambique !

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Dès l’intro du morceau éponyme, on tient un hymne prog folk qui porte haut la bannière du groupe. Orgue Hammond, chœurs enveloppants, mélodies des guitares et des claviers, d’emblée on est conquis par tant de qualité. Un court break digne de Fish ou Peter Gabriel vient relancer la machine et malgré la redondance des thèmes, on ne s’ennuie pas un seul instant (il faut bien dire qu’ils sont emballants ces thèmes avec leur côté légèrement pompier et grandiloquent). La flûte et les guitares acoustiques qui entament « London Plane » permettent à David Longdon de montrer combien il est un grand chanteur. Sa voix se charge d’émotions, proche de Peter Gabriel à son meilleur, c’est vrai, mais pas seulement. Le morceau est doux, mélancolique même, et les musiciens, tout en retenue, distillent de belles nappes musicales qui nous emportent sur les bords de la Tamise, jusqu’à l’embrasement digne d’un Yes jazzy qui croiserait Jethro Tull et Kansas. La section rythmique, Greg Spawton et Nick D’Virgilio, y brille de mille feux, avant le retour au thème principal chanté et de douces parties de violon accompagnées de chœurs enveloppants, ainsi que des envolées ponctuelles de chorus de guitare électrique. Superbe ! « Along The Ridgeway » poursuit sur le même mid-tempo, avec un passage à la Jadis (autant dire que là, je kiffe !) et une section de cuivres magnifique (sans parler de la Rickenbacker 12 cordes de Dave Gregory, oui, celle de XTC…). Sans que l’on s’en rende compte, c’est un trio à cordes (avec Rachel Hall désormais membre du groupe) qui enchaîne sur « Salisbury Giant », un quasi-instrumental tout en mesure et en retenue, chaque intervention y étant à la fois naturelle et finement calibrée. Retour des cuivres pour le superbe « The Transit Of Venus Across the Sun », ses guitares magnifiquement tissées, la présence aux chœurs de Rachel, les interventions de Rikard Sjöblom (celui de Beardfish qui déploie ici chœurs, guitare et claviers pour marquer son entrée dans BBT comme membre à part entière)… Et puis arrive « Wassail », le second hymne folk-prog de l’album (sorti en 2015 sur un EP du même nom) et son refrain accrocheur, ses breaks instrumentaux que n’auraient renié ni Kansas, ni Jethro Tull, ni même Deep Purple, et encore la voix de Longdon qui emporte tout ! « Winkie » va vous faire danser et taper du pied par moments, comme si XTC jouaient avec Mc Cartney et 10CC tout en regardant évoluer le pigeon Winkie ! Mais vient encore l’épique « Brooklands » ou l’ensemble des membres du groupe montrent leurs qualités intrinsèques et collectives. Je pense encore à un Jadis épique, à un Genesis revenu à ses premières amours alors que le titre allonge ses différentes ambiances… « Telling the Bees » conclut l’album avec une belle petite histoire scandée par l’accordéon de Rikard et les nappes de claviers sur un tapis de petites guitares subtiles. Comme un hymne qui ferait pendant à « Folklore », comme une accalmie après un album pleinement accompli…

Si je me suis un peu étalé, c’est pour essayer de vous faire entendre combien ce disque est magnifique et à quel point Big Big Train entre désormais de plain-pied dans le cercle très fermé des groupes qui comptent. On pourrait même prendre les paris sur la place que tiendra Folklore parmi les meilleurs albums de 2016… Mais ne le dites pas aux abeilles (na na na na na na na) !

Henri Vaugrand

Coup de Coeur C&Osmall

http://www.bigbigtrain.com/

https://bigbigtrain.bandcamp.com/

4 commentaires

  • Edit

    la pièce est intéressante, mais il me semble que je l’apprécie davantage sans la vidéo. Le clip est franchement low budget et ne veut pas dire grand chose… il me semble qu’habituellement le clip doit ajouter une dimension au morceau, mais ici je ne suis pas convaincu. Ça fait cheap un peu à mon avis. Mais bon, la musique me va très bien. Beau papier, by the way !

  • Pachy

    Ce groupe pour moi, c’est vraiment un grand coup de coeur!
    J’aime leur fraicheur, un Prog aventureux avec plein de truc!
    Hélas, j’ai que les deux derniers!

  • Redg

    En effet bel article. Je suis plus que fan de bbt et ce depuis longtemps.
    J’ai tous leurs albums et je trouve qu’ils sont malheureusement fort peu connus .
    Ça me fait chaud au cœur de voir un beau compte rendu . Bravo
    Pour ceux qui ne connaissent pas, il faut absolument écouter « east cost racer  » une merveille
    Et la voix de David Longdon…..huuuummm ….pour moi le meilleur chanteur de prog de la décennie

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