BadBadNotGood & Ghostface Killah – Sour Soul

Sour Soul
BadBadNotGood & Ghostface Killah
2015
Lex Records

BadBadNotGoog & Ghostface Killah Sour Soul

On parle de quoi, là ? Ça a tout du film d’exploitation, séance de minuit, avant réappropriation de Robert Rodriguez, tampon « Tarantino approved » frappé au milieu du front après deux passages. Et ici, l’encre imprimée n’a pas d’effaceur. C’est quand même plus Jackie Brown que Machete. De la pub pastelle sur l’écran cathodique, du suave, du travelling langoureux, une décapotable roulant au ralenti, thriller des 70’s, 80’s. Voilà le tableau. Tony Stark dans la chaleur moite de la blaxploitation. Dario Argento s’invite dans les quartiers, gants de cuirs, couteau luisant, meurtre sadique et inventif. Peinture baroque sur le goudron. « The Harder They Come », regard enfiévré, instrumentalisation relax, posée, Ghostface Killah, loin de la grandeur disparue du Wu-Tang Clan, pose son flow. Hyperactif le larron, deux mois seulement après son dernier 36 Seasons, un personnage qui évolue, aigri, éloigné du pimp, pas sermonneur pour autant, entretenant son ego et alignant collaborations cinétiques.

BadBadNotGood : candidat parfait, carte de visite, jeune trio jazz, fougueux, l’œil en coin, lorgnant sur le décolleté du hip-hop. « Signe la BO de mon film imaginaire, jeune padawan ! » dit Ghostface avec son regard paternel, et BBNG de s’exécuter de son blase avec diligence, l’excitation de jeune premier sur le bout de la langue. Il se fait un peu écraser du talon au passage, l’asticot. Rien de grave, il se tortille encore. Ghostface, alias Tony Stark, aime se montrer, c’est le daron, n’empêche, il tourne sa tête et regarde sa pompe. Ces jeunes-là savent mener un swing même s’il est feutré. Qu’ils rembobinent à l’époque de la blaxploitation ou bien qu’ils fassent sonner les cuivres d’un James Bond sans shaker, l’atmosphère se pose, haleine nostalgique d’un funk incantatoire, toujours dosée, toujours menée par un groove diabolique et séducteur. So delicate thing…

BadBadNotGoog & Ghostface Killah

Et Ghostface, ça lui plaît, même s’il fait plus de la bande-annonce sur des titres trop courts d’un album lui aussi trop court. Il navigue dans les recoins du giallo, des filles dénudées sur un lit ensanglanté. « C’est bien BBNG, mon jeune padawan, fier de toi je suis ». « Merci Dennis/Ghostface/Tony » reprirent en cœur les trois disciples d’un instant. « Jazz nous faisons, hip-hop nous mutons ». Pas de conclusion, pas de morale, nous sommes dans le réalisme cinétique, le thriller, la rue crade, le cadavre dans le container à ordure et la B.O, quant à elle, roule, se tourne et se retourne tellement qu’on visualise le diamant sur le sillon. Voilà de quoi on parle !

Jéré Mignon

http://badbadnotgood.com/

https://www.facebook.com/GhostfaceKillahOfficial/

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