Autechre – Chiastic Slide

Chiastic Slide
Autechre
1997
Warp Records

Chiastic-Slide

D’entrée, on navigue dans les micro-évènements, les décharges électroniques brèves, arides, les interactions magnétiques opérant à un niveau macro du spectre sonore. L’infiniment petit au service de l’électronica. Autechre nous emmène dans le séminal de sa musique, aux confins du son. Oubliez l’Idm mélodique aux reflets ambient des premiers albums (« Tri Repetae », sublime néanmoins), leurs répétitions bien au-delà, déjà, de la sophistication dont les anglais avaient fait preuve. Le duo évolue en même temps que les boucles musicales s’érodent et s’étiolent. Ce qu’on entrevoit, c’est une carcasse protéiforme, un terrain vierge, libre de toute composante et structure pré-établies. Des rythmiques épluchées au milieu d’une abstraction en cours faite de grésillements, d’alongements/rétrécissements des données et autres résidus électroniques côtoyant ces mélodies machinales et entêtantes, sortant d’une autre dimension. Les rythmiques prennent le pas sans pour autant paraître matérielles, essayent de se trouver une place dans cet univers (grande question parmi toutes), se construisant/déconstruisant dans une même mutation. Chiastic Slide est un spectre et, plus encore, une exploration.

Un pavé dans la mare de 1997, qui aura rebuté un nombre de fans irréductibles et bien lâché les critiques. Mais ce que perdait Autechre en aficionados de la première heure, il y gagna une voie d’expérimentation propre, unique, transformant le projet non plus comme un groupe, mais comme une entité. « Chiastic Slide » n’appartient plus à la sphère terrestre, ou du moins s’en détache-t-il ostensiblement. Il est d’ailleurs loin de ça. Son positionnement se situe dans la spatialité, la particule. Aller par-delà l’architecture, trouver sa propre fondation, la créer, en changer la perception de l’écoute, repenser l’expérience sonore (de ce côté le rapprochement avec The Hafler Trio est bien loin d’être fortuit) jusqu’à ne laisser à entendre que le flux dans les circuits (Le final minimaliste et électrique de « Nuane »).

Oui, « Chiastic Slide » s’apprivoise, s’éduque (comme tous les albums d’Autechre à partir de là) comme il éduque nos oreilles. Bienvenue dans l’ère de l’abstraction électronique.

Jérémy Urbain (8,5/10)

Site web : http://autechre.ws

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