Aurora Lunare – Aurora Lunare
Aurora Lunare
Lizard Record
Formé dès 1978 dans la région de Livourne, voilà un groupe qui aura sacrément ramé avant de sortir cet opus éponyme. Ses premières traces discographiques coïncident en effet avec ses participations aux albums tribute dédiés par le label Mellow Records à Marillion en 2009 (« Recital For A Season’s End », reprise de « The Party »), à The Flower Kings en 2011 (« A Flower Full Of Sky », cover de « Trading My Soul ») et à Yes en 2012 (« Tales From The Edge », reprise de « Don’t Kill The Whale »). Dans le paysage progressif actuel, Aurora Luna est, à bien des égards, un combo à part. En effet, ces musiciens ne sont pas des techniciens mais des gens qui ont des idées. Ces idées, ils ont été prêts à les peaufiner très longtemps pour leur donner la tournure qu’ils voulaient exactement obtenir. « Le Beau est toujours bizarre » clamait Baudelaire et son spleen élégant. Il aurait aimé ce groupe, dont les morceaux sont constamment surprenants. Les neufs compositions structurant ce millésime 2013 jonglent en effet allègrement entre un jazz-fusion illuminé digne d’Area (la suite « Eroi Invicibili… Son Solo I Pensieri »), un néo-classique à la Jean-Philippe Goude (« Mondo Fantamastico » et son piano virtuose) et un rock symphonique à la Banco (« Riflessi Indicativi »).
L’équilibre parfait les claviers et les guitares, tour à tour sur le devant de la scène, les interventions parcimonieuses mais étudiées des parties vocales, les alternances très contrastées de moments de tension et de plages de « détente » et les passages d’expérimentations hardies (« Corza Senza Meta »), tout cela déroute en permanence l’auditeur. D’autre part, les mélodies sont peu ordinaires, incontestablement marquées par une culture latine (« Secundo Dubbio », dominé par une flûte en apesanteur), mais sans qu’on puisse clairement les situer.
Tout l’art d’Aurora Lunare est là, dans ce subtil décalage par rapport aux modèles existants. Voilà donc un disque authentique et attachant qui mérite vraiment d’être découvert.
Bertrand Pourcheron (7,5/10)