Ars Nova -The Goddess Of Darkness
Ars Nova
Musea
Après les pétaradants « Fear And Anxiety » et « Transi », publiés respectivement en 1992 et 1994, les amazones nippones d’Ars Nova enfourchaient à nouveau leur monture digitale en 1996 pour nous offrir une troisième œuvre au noir de fort belle prestance. Sommet ultime d’un triangle des Bermudes discographique ébouriffant de tension et de virtuosité, « The Goddess Of Darkness » célébrait un progressif « emersonien » aussi débridé que torturé. Tourné, comme à l’habitude, vers le côté obscur de la force, ce millésime classé déroulait un tapis mélodique échevelé, truffé de breaks aussi surprenants qu’incessants (le cataclysmique « Fury » ou l’étourdissant « Kali ») mais aussi de rutilantes explosions emphatiques (le psychotique « Ainsel », serti d’intonations néo-classisantes du plus bel effet, ou le grandiloquent « The Gorgons », sur le final duquel la splendide bassiste Kyoko Kanazawa se fendait d’un court solo de basse « killer »). Survolées de bout en bout par les claviers analogiques formidablement volubiles de Keiko Kumagai, les cinq pièces épiques gravées sur ce CD faisaient ainsi mouche à quasiment chaque mesure, et confirmaient surtout la grande classe naturelle de leurs génitrices qui ne se sont pas arrêtées en si bon chemin. Un très bon album, donc…
Bertrand Pourcheron (8/10)