Arash Akbari – Vanishing Point
Arash Akbari
Flaming Pines
« Vanishing Point » fait l’effet d’une brise rafraîchissante sur la nuque. Voilà, c’est clair et concis. Dès les premières secondes, on ferme les yeux, et on imagine prendre un instantané photographique, ou bien encore saisir crayons et peinture pour capter et garder un souvenir, aussi infime soit-il. C’est un voyage, un appel à l’indépendance tout en lorgnant sur un passé parti trop tôt qu’on quitte trop tard. On desserre l’étreinte d’une main parentale pour suivre son chemin. Il sera constitué de doutes, de frustrations certes, mais aussi d’instants de découvertes sans horizon, de secondes et de minutes pleines de chaleur. On ne le sait pas encore, ce n’est pas encore là, présent. Le temps se déroule, les souvenirs se délitent et cependant, on ressent cette particularité où l’esprit vagabonde entre excitation et crainte. La peur de perdre quelqu’un, le geste rassurant d’une main sur l’épaule, un visage bienveillant derrière la nuque. Les échos d’une agitation urbaine s’estompent déjà, puis vient le vide qu’on va remplir, colorier, dessiner et construire.
Plus que toute autre interprétation (même voulue par son auteur), « Vanishing Point » rappelle que notre existence est, quelque part, une architecture colossale qui s’enfonce sous terre, une histoire qu’on raconte toujours au passé, une frontière indistincte entre terre et mer. Arash Akbari manie cet entre-deux « primitif » à la perfection. On pense notamment à Christian Fennesz, son pourtour rêveur qui laisse égrener doucement, tout doucement, ses quelques notes, ici et là, épousant un espace flou. Autre chose ? La beauté de gouttes d’eau tombant au sol au moyen de fields recordings discrets et ses drones comme autant de caresses de sons parasites et de réminiscences visuelles.
Jamais trop lénifiant, jamais trop sombre et poussif, sans oublier une tension concrète, voire haptique, du ressenti, « Vanishing Point » est un disque de l’affranchissement personnel, un chapitre que j’appose personnellement sur bon nombre d’événements récents (comme lointains), rappelant un cocon bienfaiteur, une tristesse partagée qui me fait penser qu’il temps d’ouvrir les yeux…
Mais maintenant, êtes-vous prêt à entamer un nouveau chapitre ? Nombres de pages sont vierges… À suivre, comme dirait l’autre. Pour toute réclamation, merci de donner quelques pièces virtuelles à ces artisans besogneux.
Jéré Mignon
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