Amphetamin – At The Dawn Of Twilight

At The Dawn Of Twilight
Amphetamin
2013
Autoproduction

Amphetamin – At The Dawn Of Twilight

Trois années après le prometteur EP « Substitute », ce trio français composé de Sebastian (chant, guitare, claviers et piano), Morgan (basse) et du mystérieux JB (batterie) débarque sans prévenir – ou presque – avec un authentique diamant noir, une œuvre absolument superbe, un grand moment de post-rock à la Mogwai, de cold-wave éthérée façon The Cure (celui de « Faith », « Disintegration » ou « Wish ») et de rock dépressif à la Anathema. Le graphisme de la pochette annonce du reste la couleur : paysage grisâtre, univers sombre et profondément triste. Qu’on se le dise : toute plongée dans l’univers mélancolique et foisonnant de « At The Dawn Of Twilight » doit s’accompagner d’un moral en acier trempé, car on ne rigole vraiment pas avec cette cuvée 2013 ! Le sublime titre d’ouverture « Lunae Lumen » plante du reste d’emblée le décor. Tout commence par une lente introduction atmosphérique à la Mono, qui ne dévoile son paysage sonore que très progressivement, du minimalisme planant jusqu’à l’explosion instrumentale et émotionnelle propre au style post-rock. Puis vient le rugueux « E-rased » et ses riffs de guitare en mode stoner où l’on découvre un chanteur particulièrement expressif, avec un timbre d’une grande richesse dont les intonations et la texture vocale rappellent à la fois Dave Gahan (Depeche Mode) et Mikael Åkerfeldt (Opeth).

On ne peut pas dire que l’on navigue ici dans la facilité côté musique et arrangements. Peuplé de bruitages et d’ambiances discrètement symphoniques (le remarquable « Pain(t)ful Memories », le CD est également traversé de guitares fiévreuses (« Wish & Fall »), hypnotiques (« At The Dawn Of Twilignt ») ainsi que de séquences percussives peaufinées au millimètre. N’est-ce pas au demeurant du rock progressif au vrai sens du terme, brillant et moderne, que développent avec maestria les sept compositions du combo, fusionnant post-rock désespéré (avec ce fameux « Pain(t)ful Memories » en point d’orgue), pop indépendante sophistiquée et metal atmosphérique, le tout avec une inspiration et une maestria confondantes ? Peu importe au fond. L’album s’écoule avec une douce torpeur étudiée, contemplative, au-delà de fréquentes poussées d’adrénaline (« Wish And Fall »), et les mélodies, souvent déchirantes, font mouche à chaque nouvelle écoute.

L’ombre des plus grands maîtres de ce nouveau genre qualifié de « post-prog » plane sur cette œuvre qui a tout d’un coup de tonnerre dans le paysage rock hexagonal, plutôt fadasse et anecdotique ces temps-ci. Quoi qu’il en soit, voici venir une formation qui mériterait haut la main d’être signée chez K-scope, à n’en point douter. Du grand art, et le dernier gros coup de cœur inespéré de cette fin d’année !

Bertrand Pourcheron &  Philippe Vallin (8,5/10)

Pour écouter et télécharger l’album :

https://amphetamin.bandcamp.com/album/at-the-dawn-of-twilight-2013

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