Alex Toucourt – Le Fruit Du Bazar
At(h)ome
2021
Christophe Gigon
Alex Toucourt – Le Fruit Du Bazar
Le Lorrain Alex Toucourt est connu depuis dix ans quand est sorti l’album StudiOrange à l’univers électronique et acoustique décontracté. Il faisait, avant, partie du groupe de reggae Conscience Tranquille. Le Fruit Du Bazar, troisième album « en solo », a vu le jour au printemps de l’année 2021. Dix titres pop-rock de qualité, frais, simples mais diablement efficaces. De la bonne chanson française d’inspiration relevée. Le travail du Français ne peut cependant pas être décrit comme foncièrement original. Les influences y apparaissent comme multiples même si l’on ne peut jamais mettre le doigt sur un usual suspect précis. Da Silva, Gaëtan Roussel ou encore Thomas Fersen peuvent néanmoins être comprises comme des figures tutélaires.
Des compositions solides aux textes bien posés, un son clair et précis, une production très radio friendly : la recette semble assurée. Bien que multi-instrumentiste, le jeune homme sait s’entourer : le réalisateur Dominique Ledudal prouve qu’il peut faire sonner une piste avec éclat. Le batteur Philippe Entressangle assure avec une simplicité confondante. Albin De La Simone et JP Nataf (Les Innocents) sont même venus donner un coup de main à l’artisan qui n’en demandait pourtant pas tant, tant son univers semble acquis et maîtrisé.
« Peut-être A L’Automne », qui ouvre la fête, prouve déjà à qui on a affaire : de la très bonne pop, agréable, sensible, joyeuse mais jamais niaise. On aurait pu imaginer Souchon susurrer ces presque quatre minutes de mélodies sympathiques. « Jusqu’où », plus folk, fait penser au travail de Christophe Maé, la maturité en sus. « Sur Ton Chemin », que n’aurait pas renié le Bashung tardif, celui de Bleu Pétrole, démontre que simplicité et exigence forment toujours une architecture forte et équilibrée. Avouons tout de même que, en ce qui concerne les textes, on est bien loin de Gérard Manset ou Allain Leprest ! Mais il faut de tout et, parfois, ce genre de rengaine fait du bien. « A Demi-Mot » laboure les terrains empruntés jadis par Goldman ou De Palmas. « My Lovely Willy » fait montre d’une grande et joyeuse volonté de pénétrer nos mémoires avec une volonté badine, à l’instar de ce que proposait Renaud quand il savait encore (bien) écrire (« It Is Not Because You Are »). Dans le genre, on pensera évidemment à Renan Luce. La balade arrive à sa fin avec « J’Hésite ».
La litanie incessante de noms d’artistes français cités dans cet article ne sert pas à discréditer le très honorable travail de Toucourt mais, au contraire, à assurer le lecteur de la somme d’influences remarquables digérées afin de nous en proposer une mixture inédite. Certes, l’ensemble reste entièrement circonscrit dans le sillon de la chanson française de qualité. Mais l’artisan démontre ses compétences à chaque refrain. Alex présente la force et la volonté des musiciens sans complexes. Une relève à relever.
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