Access To Arasaka – Oppidan
Access To Arasaka
Tympanik Audio
Access To Arasaka, c’est un peu ce qui est arrivé de mieux en matière de musique électronique ces cinq dernières années. Alors d’accord, « Oppidan » est un disque de geek pour geek. Du vrai, pour les fans de SF, littérature, bd, jeux de rôles/vidéos et tout ce qui s’en suit. Par là, je veux dire qu’on a droit à un brassage d’influences long comme le bras. De l’ambient, du glitch, de la techno et du djing fragmentés, concassés sur des parties quasi abstraites, du concept cyber-univers-punk en veux-tu en voilà. Difficile d’en faire une liste exhaustive, mais le plus curieux dans tout ça, c’est que l’ensemble s’accorde, fluide, en renouvellement constant, ne laissant jamais ne serait-ce qu’une seconde de répit ou d’ennui. Construit sous une forme de fragments (17 pour être exact, d’une durée variant de 3 à 4 minutes), l’assemblage fait penser à un puzzle cybernétique aux évênements multiples (virtuels ou physiques) passant de nappes ambient, douces ou plus opaques, à des segments où breaks, beats and kicks abondent et dégringolent en cascades, sans oublier grésillements, décharges électroniques, mélodies habilement placées dans l’espace stéréophonique, cut-up rapides se mariant aux bugs, silences brefs, voix déformées à l’extrême, robotisation, saturation légère sans qu’une partie ne se cache à l’autre ou ne s’octroie l’espace.
Beau travail d’équilibriste. Quelque part, il y a un côté brouillon, ouais, du fait de cet entremêlement, mais c’est ce qui fait aussi sa richesse texturale et par là, « Oppidan » verse plutôt vers une forme d’abstraction sonore, fourmillant d’accumulations aux détails multiples, en direct d’une station/ville spatiale où se « cotoient » robots et êtres humains, codes génétiques/programmation (Blade Runner ?) C’est aussi moi, simplement en train de regarder la rue, sous la pluie, par la fenêtre à la recherche d’une quelconque forme d’évasion. « Oppidan » peut en être une porte.
Jérémy Urbain (8/10)
(Les curieux pourront se télécharger légalement les premiers enregistrements et autres Ep de Robert Lioy, le compositeur ayant eu la gentillesse de laisser un certain nombre de ses travaux libres d’accès pour tous. Pour cela, un clic sur le site suffit.)