Zuffanti – La Quarta Vittima

La Quarta Vittima
Zuffanti
2013
AMS Records

Zuffanti – La Quarta Vittima

Indéniablement, Fabio Zuffanti est un artiste qui mérite la palme d’or de l’opiniâtreté et de la persévérance. Voilà en effet un musicien trustant le paysage progressif international depuis 1994 et la sortie du premier CD éponyme de Finisterre sur le label Mellow Records. Auteur, en l’espace de vingt ans, de pas moins de quarante albums (au sein de groupes aussi variés que Finisterre, Höstsonaten, Quadraphonic, La Maschera Di Cera, La Zona, Aries, Rohmer et L’Ombra Della Sera), le bassiste génois nous offre aujourd’hui son quatrième opus solo, baptisé « La Quarta Vittima » (la quatrième victime). Inspiré par « The Mirror In The Mirror » (un recueil de nouvelles gothiques et surréalistes rédigées par le célèbre écrivain allemand Michael Ende), ce millésime 2014 réunit, à l’image de ses prédécesseurs, un impressionnant line-up : trois batteurs, un bassiste/contrebassiste, un flutiste/saxophoniste, un violoniste et pas moins de quatre claviéristes (dont Luca Scherabi d’Höstsonaten et Agostino Macor de La Maschera Di Cera). Ce beau linge nous a concocté sept longues compositions labyrinthiques à souhait qui mélangent allègrement les styles musicaux, du jazz au rock symphonique en passant pas le post-rock et le psychédélique.

Ces morceaux se situent hors du temps et touchent à une sorte de chaos primordial, bloc d’énergie en fusion émergeant du néant. Entre fureur (« Non Posso Parlare Piu’ Forte », à l’intro en anglais hélas complètement hors sujet) et accalmies (« La Certezza Impossibile ») et entre apaisement (« Sotto Un Cielo Nero ») et rugissements (« L’Interno Di Un Volto »), les créations de cette dream team évoquent la rencontre au sommet entre Van Der Graaf Generator, Robert Wyatt, Godspeed You Black Emperor, PFM et Maxophone. Riches, denses, sombres, prophétiques et hantées par l’urgence, elles véhiculent une émotion poignante (les soli de six cordes lyriques à souhait, les nappes magnifiques de mellotron, les parties sublimes de piano).

Allez donc faire un tour du côté du bouleversant « Una Cerra D’Inverno » (ah, ce violon en apesanteur…) pour vous en convaincre. On retrouve donc, grâce à cet excellent « La Quarta Vittima », un musicien sur lequel le temps n’a pas de prise et qui n’a sans doute pas fini de nous faire vibrer grâce à sa liberté de ton et d’inspiration tranchant résolument avec les recettes stéréotypées qu’on nous sert trop souvent. Bravissimo !

Bertrand Pourcheron (8,5/10)

http://www.fabiozuffanti.com/

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