Unreal City – La Crudeltà Di Aprile

La Crudeltà Di Aprile
Unreal City
2013
Mirror Records

Unreal City – La Crudeltà Di Aprile

Ce nouveau groupe italien a vu le jour en avril 2008, sous l’impulsion conjointe du claviériste-chanteur Emanuele Tarasconi et de la guitariste Francesca Zanetta. Bientôt rejoint par le bassiste Francesco Orefice et le batteur Federico Bedostri, le combo a publié un premier EP autoproduit en 2012. Composé de trois titres chantés en anglais, il a séduit les médias progressifs locaux et a permis à Unreal City d’enregistrer en janvier 2013, sous la direction artistique du grand Fabio Zuffanti (Finisterre, Aries, Hostsonaten, La Maschera Di Cera), son premier véritable album. « La Crudeltà Di Aprile » (c’est le nom de l’œuvre en question) est un véritable chant d’amour au progressif transalpin des seventies. D’un format long, les six compositions gravées sur ce galop d’essai discographique oscillent entre 7’03 (« Dove La Luce ») et 17’54 (la suite épique « Horror Vacui »). Pour autant, elles ne se perdent quasiment jamais en digressions aussi artificielles qu’inutiles et leur beauté n’en est que mieux mise en relief.

Savant dosage de finesse et de rage, les mélodies doucement nostalgiques gravées sur ce disque bénéficient d’arrangements remarquables de limpidité et de finesse. Baignant dans une mer de claviers analogiques (minimoog, mellotron, fender rhodes et theremin – la liste est loin d’être exhaustive – sont à la fête), elles s’avèrent d’autant plus convaincantes que le chant en italien de Emanuele Tarasconi (à noter un travail très fouillé sur les backing vocals et les parties récitées) est fort émouvant, se mettant au service de séquences doucement évanescentes (comme sur le superbe « Dell’Innocenza Perduta », qui ouvre les hostilités de manière magistrale) et que la guitare de la belle Francesca Zanetta, quoiqu’assez discrète, fait preuve d’un lyrisme se rapprochant du Steve Hackett le plus planant. Soutenus par une section rythmique irréprochable, qui s’illustre dans des acrobaties improbables avec force brio, les titres du combo nous gratifient à maintes reprises d’envolées instrumentales renversantes de classe et de facilité (citons encore la pièce d’ouverture, sur le final de laquelle s’illustre un violon virtuose digne de Mauro Pagani, ex PFM).

Les climats savent aussi se faire envoûtants et mystérieux (la magnifique introduction de « Atlantis (Conferendis Pecuniis) », rappelant le meilleur Le Orme) et mystiques (les grandes orgues de « Catabasi (Descensio Ad Inferos) » qui évoquent les fastes de Museo Rosenbach). Ajoutez à ces savoureuses gourmandises un travail harmonique parfois proche de Hostsonaten (notamment sur le majestueux « Ecate (Walpugisnarcht) », tout en échos et en douceur et aux parties de piano remarquables de sensibilité), des vocaux feutrés dans la plus romantique des langues au monde (cela n’engage que moi), des incartades jazzy bienvenues (le travail remarquable de la basse sur « Dove La Luce E Piu Intensa ») et vous comprendrez aisément que « La Crudeltà Di Aprile » célèbre une musique de la légèreté et de l’envol, à savourer rêveusement (plongez-vous donc dans la magistrale pièce finale « Horror Vacui » pour vous en convaincre). Pour un coup d’essai, c’est un coup de maître !

Bertrand Pourcheron (9/10)

http://www.unrealcity.it/

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