Ulcerate – Vermis

Vermis
Ulcerate
2013
Relapse Records

Ulcerate Vermis

Le ciel ne vire pas à l’orage, il est orage. Immense, noirâtre, tel de l’ébène en suspension, simplement soutenu par les fils invisibles d’un marionnettiste cosmique. Cette présence, plus qu’une forme, pointe son regard sanguinaire vers le bas. Le sol est jonché de cadavres, corps mis en pièce, tripes et sang mêlées, boue et eau polluée mélangées dans les lits de rivières disloqués. La terre est à vif, écorchée, éventrée par les affrontements qui ont précédés. Anges aux ailes arrachés, démons aux intestins broyés, tous gisent ici, là, en plusieurs couches superposées. Les arbres sont calcinés, les racines consumées, les cendres volent, devenant remparts malléables pour les êtres restant. Le vent n’apporte plus qu’une plainte gémissante et traînante. Désolation, carbonisation, putrescence de la vie. Panoramique sur un champ gigantesque de mort. Flammes brûlant corps, herbes, humains, animaux reliés par le pourrissement. Les vers, et autres lombrics, sortent de terre, lentement, luttant contre une terre durcie. Guerre, haine et barbarie. Ils percent difficilement la carcasse de ce sol consumé, restent un moment, en pause, se tortillant face à l’air nocif. D’autres cendres descendent de ce ciel désormais sombre : perles, boules de feu, pluie acide.

Ulcerate band

Les vers s’agitent, se tortillent, gagnent en ardeur, la terre semble en remuer. Tellement de vie dans ce lieu universel de mort sensitif. Les têtes pointent, les cercles des corps se dandinent, se macèrent dans une danse érotico-morbide. C’est la fin de l’Homme, les asticots et autres parasites nécrophages ont tellement à dévorer, des millénaires d’Histoire, de découvertes… Energie pure dans les bouches voraces de ces vers. Cela grouille, de plus en plus, un monticule prend forme, les corps sont  dévorés, dépecés et la masse grandie, plus grosse, imposante. Les annélides sortent en masse de terre, grimpent les uns sur les autres, copulent, lancent leurs déjections, s’insèrent. Une pyramide se forme, électriquement mouvante.

Le temps se suspend, un bref instant. De ce monticule, un objet, autre, émerge de la décomposition ambiante. Ses lignes sont acérées, droites. Sa surface est tellement lisse et polie qu’on peut y voir le reflet des tourments terrestres. C’est un monolithe, celui d’une nouvelle ère. Il pousse directement de cette marée grouillante, apparaît, tel un iceberg victorieux des éléments, prend place et s’immobilise sur son trône organique.

Jérémy Urbain (8,5/10)

http://www.ulcerate-official.com/

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