Transport Aerian – Bleeding

Bleeding
Transport Aerian
2013
Autoproduction

Transport Aerian – Bleeding

« Bleeding » de Transport Aerian est le projet solo d’un jeune multi-instrumentiste belge connu sous le nom de Hamlet. Comme dans le film fantastique culte américain « Carnival Of Souls » (Le carnaval des âmes, datant de 1962), où le personnage principal erre entre le monde des vivants et celui des trépassés, nous avons l’impression, à l’écoute de cet album, de passer d’un univers rassurant à un autre bien plus angoissant. Le premier doit beaucoup à cette belle voix claire proche du style « Less Is More » de Mariusz Duda (sur « Score » par exemple). Parfois, la texture de notre vocaliste se rapproche de façon tout à fait étonnante de celle du chanteur de Scorpions Klaus Meine (c’est assez criant sur « Nightsky » par exemple). Ce « premier monde » est également illustré par des ambiances sereines à travers lesquelles viennent se poser un piano par instants doucereux, une flûte vaporeuse (« Inspire »), des notes de guitare aquatiques (« Score », « Nightsky » et « Winter »), quelques cymbales décontractées (tissant l’univers planant de « Triangle Town »), sans oublier les moments de silence toujours fort bien agencés. Le second est porté par un chant haineux typé hardcore (« Mortals ») et souvent hanté par l’esprit d’un Nick Cave en mode austère (« Fog Vision », « Edges »). La batterie se fait alors lente, les guitares tantôt menaçantes, distordues ou éplorées (« Love ») et les claviers (piano, Rhodes, samples de Dulcimer…) plutôt inquiétants. Sur le plan musical, on est ici proche de l’univers globalement sombre de Nick Cave voire de Diamanda Galas, avec ici et là des pointes de post-hardcore que ne renierait pas Neurosis. On retrouve également dans ce disque quelques effluves d’un jazz « tribalo-ambient » aride façon Torn Karn Bozzio et quelques éléments de musique de film, telles que ces notes de piano rappelant « Eyes Wide Shut » et diverses bandes originales de David Lynch. Les guitares nous convient, quant à elles, tour à tour aux expériences no-wave d’Arto Lindsay puis à l’approche méditative et éplorée d’un Robert Fripp en solitaire, sans oublier les effets « wah wah » dont abuse pour notre plus grand plaisir le fameux Robert Smith des Cure sur le redoutable « The Kiss » (« Mortals » et la partie finale de « Edges »). Œuvre très personnelle et furieusement originale, « Bleeding » devrait satisfaire tous les mélomanes en quête de versatilité et d’ambiances hors normes. A noter que le groupe a été récemment signé sur le label Melodic Revolution Records et qu’une version remasterisée du disque est désormais disponible.

Lucas Biela (9/10)

http://transportaerian.bandcamp.com/album/bleeding

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