Tim Bowness – Lost In The Ghost Light

Lost In The Ghost Light
Tim Bowness
Inside Out Music
2017

Tim Bowness - Lost In The Ghost Light

Puisque No-Man semble être relégué aux oubliettes par Steven Wilson (qui sort quasiment en même temps un nouvel album avec Blackfield), Tim Bowness continue l’aventure en solo avec un nouvel opus chez Inside Out, Lost In The Ghost Light. Avec un tel titre, le ton semble donné : une errance en demie teinte, habituelle chez Bowness, dans des morceaux atmosphériques et mélancoliques à souhait. Certes, c’est ce que l’on attend généralement de lui. Mais là, il y a plus. D’abord c’est un concept ; ensuite, il y a beaucoup plus d’éléments progressifs qu’auparavant, induits en partie par le concept même. Ce sont, en fait, les réflexions d’un musicien « art rock » vieillissant mises en musique, de ses pensées concernant sa vie d’artiste et de ses désillusions. Et le feeling seventies fait mouche et nous emporte tout du long, avec un jeu de piano me rappelant beaucoup Tony Banks, avec beaucoup de clins d’œil à cette époque dorée. Même la pochette fait écho à celles de ce temps-là, et fourmille de détails donnant des indications sur le personnage principal, aux abonnés absents.

Tim Bowness

Comme à son habitude, Tim Bowness sait s’entourer. Steven Wilson mixe l’album, tandis que l’on retrouve quelques habitués comme Stephen Bennett et Andrew Booker. Présents également : Colin Edwin (Porcupine Tree, O.R.K.), Bruce Soord (The Pineapple Thief), Hux Nettermalm (Paatos) et quelques invités de marque comme Ian Anderson ou David Rhodes, parmi d’autres. La signature vocale de Tim Bowness est là, mais il y a un gros effort pour la porter au-delà de ses habitudes, vers une musique certes plus classique, plus progressive, mais qui est bien travaillée, couche après couche. Il faudra d’ailleurs plusieurs écoutes pour attraper ces petites touches d’écho, de cordes ou de textures qui peuvent vous échapper par moments. En apesanteur le plus souvent, mais aussi emporté dans un tourbillon musical prenant, c’est un enchantement, pour peu que vous appréciez les différentes nuances de progressif proposées : symphonique, pastoral, mélodique, orchestral, etc … Rassurez-vous, même s’il y a beaucoup d’aspects vintage, le disque reste actuel de par le chant de Bowness. Sa façon de « crier » ses mélancolies reste, pour moi, le soupir des désenchantements modernes.

Le disque commence par « Worlds Of Yesterday », et de suite nous happe dans un univers aérien et familier, mais qui nous surprend par son développement et par l’utilisation des instruments, notamment ce solo de guitare joué en même temps qu’un solo de flûte, emporté par une basse habitée. Un titre riche et magnifique. « Moonshot Manchild » a ce feeling banksien que l’on n’entend plus trop, et sur 9 minutes, c’est une sorte de fresque, culminant avec son développement instrumental, où chaque instrument a sa place et où la basse ne fait pas que de la figuration, c’est toujours appréciable. « Kill The Pain That’s Killing You », plus agressif, garde toujours un aspect mélodique, et s’augmente d’un groupe de cordes bienvenu. « Nowhere Good To Go » est plus proche du Tim Bowness que l’on connaît, mélancolique et aérien. L’instrumentation est d’une beauté à couper le souffle, chaque détail est fignolé, et la flûte pastorale à la fin du titre achève de nous emmener au bout de ce morceau fleurant bon le prog seventies. Piano et effets Tony Banks et mélodie Steven Wilson, c’est le début des 9 minutes de « You’ll Be The Silence », autre fresque bien agencée, bien travaillée, qui envoûte et ne lâche pas avant la fin. Le court « Lost In The Ghost Light » plus moderne, infuse une notion de menace puis « You Wanted To Be Seen » reprend le cours des choses dans un morceau aérien et mélancolique (avec une superbe section rythmique et une belle montée crescendo), avant le final « Distant Summers », qui reproduit en partie le titre « Songs Of Distant Summers » présent sur Abandoned Dancehall Dreams. Repensée, la chanson distille sa mélancolie de manière orchestrale, et se distingue en conclusion en demi-teinte.

Il manque peut-être un soupçon d’aventure dans cet opus qui pourtant se distingue de la production habituelle de Tim Bowness. Chaque titre est fouillé, arrangé, travaillé, mais le tout, même s’il impressionne par un savoir-faire indéniable, n’arrive pas à se hisser à la hauteur d’un chef-d’œuvre. C’est dommage, il ne manque pas grand-chose. Un essai presque transformé donc, que l’on applaudit pour ses trouvailles, ses arrangements classieux et ses musiciens inspirés. C’est déjà beaucoup !

Fred Natuzzi

 http://timbowness.co.uk

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