Tim Bowness – Abandoned Dancehall Dreams

Abandoned Dancehall Dreams
Tim Bowness
2014
Inside Out

Tim Bowness - Abandoned Dancehall Dreams

Les amoureux du post-prog mélancolique vont être aux anges : Tim Bowness est enfin de retour avec un album solo. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il n’a pas fait les choses à moitié, c’est en effet un double ! Enfin, si l’on peut dire, puisque la deuxième galette est constituée de versions alternatives et de titres inédits. Et après les fabuleux projets avec Memories Of Machines et Slow Electric, on l’attendait au tournant. Cet opus nous donne à entendre le meilleur de Tim : un chant particulier à base de souffle qui caresse l’auditeur, une mélancolie prégnante, un raffinement dans les arrangements et une musicalité sans pareille. Mais, surprise, le son s’est étendu, et on a droit par moment à quelques touches progressives de toute beauté, comme s’il avait un peu copié sur son ami Steven Wilson, tout en gardant son style habituel. Ce qui frappe également, c’est la présence de percussions très prononcées, notamment sur le morceau d’ouverture « The Warm-up Forever », tenues par Pat Mastelotto du grand King Crimson, ainsi que sur « Beaten Bye Love », très Crimsonien aussi, avec à la guitare Steven Wilson lui-même.

Le premier titre surprend par sa dynamique et ses cordes omniprésentes, le second par son atmosphère torturée qui correspond plus à son alter-ego de No-Man, qui a aussi mixé le tout. Pourtant c’est une réussite. Bowness s’essaye à différentes atmosphères et varie ainsi les genres. Disséminés sur tout le disque, on retrouve ses complices habituels : Michael Bearpark à la guitare, Steve Bingham au violon, Stephen Bennett aux claviers, Pete Morgan à la basse, et Andrew Booker à la batterie. Outre Steven Wilson et Pat Mastelotto pour les invités, Colin Edwin et Richard Barbieri ont également été conviés. Mais quand même, ce que l’on savoure le plus, ce sont ces morceaux vaporeux, languissants, où la mélancolie flotte, celle-ci laissant une impression de solitude. Ainsi, « Songs Of Distant Summers » et son piano en écho, ses cordes aériennes, son chant minimaliste, ses effets sophistiqués mais simples, est un émerveillement.

Sur le deuxième CD, on trouve une autre version plus étirée, baptisée « Sounds Of Distant Summers », ainsi qu’un mix de Richard Barbieri en deux parties où il intervient aux synthés, claviers et programmations. Du bonheur ! « Simler At 50 » a un étrange feeling 80’s, peut-être dû au piano ou à la basse jazzy de Colin Edwin. S’étalant sur plus de 8 minutes, son développement grandiloquent étonne. « Smiler At 52 », sa suite, est plus moderne avec sa programmation (par Steven Wilson), en contraste. Un autre mix sur la deuxième galette, « There Were Days » est encore plus synthétique, et il faut le dire, meilleur ! Le point culminant de l’album, « I Fought Against The South » atteint presque les 9 minutes et nous embarque pour une balade dont Bowness a le secret, illustrée par des cordes cinématiques. Au milieu du morceau, tout s’arrête, et un formidable développement instrumental s’installe avec montée en puissance jouissive. Un régal.

Tim Bowness est passé à la vitesse supérieure avec « Abandoned Dancehall Dreams ». On retrouve le charme qu’il insuffle à No-Man, le côté pop qu’on avait aperçu sur le projet Memories Of Machines, mais aussi un côté plus « progressif », justifiant sans doute la distribution par Inside Out et non Kscope. Pourtant, ce n’est pas un revirement complet, heureusement. Ce sont des touches, des couleurs qu’il apporte à son univers de plus en plus étendu. Un développement instrumental par ci, un mellotron par-là, et l’on a de suite un univers « progisant » (« Waterfoot », par exemple ou les claviers de « Dancing for You »). Par là-même, il se rapproche à nouveau de son acolyte Steven Wilson, tout en s’éloignant de choses trop familières. Bref, un album qui enchantera les amateurs de Tim Bowness et qui pourra peut-être convaincre ses détracteurs d’y jeter une oreille.

Fred Natuzzi (8/10)

http://timbowness.co.uk/

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