Thomas Köner – Novaya Zemlya

Novaya Zemlya
Thomas Köner
2012
Touch

Novaya-Zemlya

À voir la gueule de l’été qui se profile, et en voyant la pochette de « Novaya Zemlya », je me suis dit qu’il faut rester dans l’air du temps. Pour une frange de personnes, une sortie de Thomas Köner est toujours scrutée à la loupe, attendue et désirée. Mine de rien, l’artiste multimédia (le son n’est qu’une composante de son travail) a réussi à se bâtir un nom avec ses enregistrements pour le moins personnels et reconnaissables en moins de deux. Alors que maintenant, la plupart de ses travaux sont difficilement trouvables, du moins à un prix abordable, Thomas Köner nous sort un disque sur le bien nommé label Touch. Il parait même étonnant que l’artiste Allemand ne l’ai pas fait depuis un longtemps. En effet, avec le recul, on se dit que Thomas Köner avait toutes les capacités et composantes requises pour entrer dans le label. Une inspiration naturante doublée d’une musique électronique exigeante. Rien de plus, rien de moins (alors que je cherchais une phrase à rallonge). « Novaya Zemlya » rentre parfaitement dans les thématiques de l’Allemand, à savoir la transposition sonore de mirage polaire atmosphérique (dixit Wikipédia). On aura déjà vu ça (car on « voit » par le son chez Köner) sur « Nuuk », « Permafrost » ou encore « Unerforschtes Gebiet ». Polaire, froid, conditions extrêmes, solitude…

Une manipulation de sons épurés, field recordings précis et minimalistes, des pistes isolationnistes (ça s’écoute seul un disque de Köner) et ses basses terrifiantes qui semblent venir du plus profond de la banquise (avec lui, le réchauffement climatique n’a qu’a bien se tenir !) En peu de mots, « Novaya Zemlya » réussit ses promesses et comble les attentes. Tout d’abord, que les amateurs se rassurent, ils pourront entendre ces « BOOOOoooooommmmmmm » caractéristiques comme seul l’Allemand peut les faire (bien que moins isolés). Et ça fait toujours son effet ! Le field recordings de la première partie surprend par sa radicalité et sa puissance d’évocation. On pense à Jana Winderen (l’album « Energy Field »). On notera une brève incursion radiophonique dans la deuxième partie. Une réminiscence de « La Barca », à moins que ce soit un bref hommage à Biosphere ? Décidément, ça paraitrait tellement « naturel »  la venue de Thomas Köner sur le label Touch.

La troisième et dernière partie se fera plus douce par ses écoulements d’eau étouffés (enfin, jusqu’à 2 minutes et 30 secondes), mais cette tension « Könerienne » est toujours présente, atonale, lente, sans nulle trace de mélodie, à part ce qui semble être des notes de pianos lointaines, condamnées en arrière plan. On se prend ces infra-basses en plein bide, se modifiant d’elles-mêmes, se gargarisant de ces échos et autres touches discrètes. Signes d’une planète en évolution permanente, fascinante par sa vitalité, effrayante dans son mouvement perpétuel et imperturbable (grandiose montée à 6 minutes 50).

Et puis, doucement, l’expérience s’achève dans ce même atermoiement crépusculaire. Et on se sent… seul, si seul, perdu dans ces mirages, cette atmosphère lourde, glaciale, et ces paysages quasi-lunaires pourtant plus proches de nous qu’on pourrait le croire. Et de tout ça, se retire une angoisse, certes, mais en elle se cache une esthétique propre à la perception de chacun.

Jérémy Urbain (8,5/10)

 http://www.koener.de/

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