« This Strange Engine », la plus belle chanson du monde ?

Steve Hogarth Strange Engine

Sur le site de l’éditeur suisse « Cousu Mouche« , les écrivains en herbe (et mélomanes) peuvent rédiger un article sur leur chanson préférée, tous styles confondus. Les meilleures chroniques seront imprimées et éditées dans le tome 2 d’une anthologie qui se nomme « Je ne laisserai jamais dire que ce n’est pas la plus belle chanson du monde« . Le premier volume, fort bel ouvrage collectif et passionnant de 258 pages, est disponible à la vente auprès de l’éditeur. Le texte ci-dessous signé Christophe Gigon, membre de l’équipe C&O, paraîtra prochainement dans le tome 2. N’hésitez donc pas à parler de cette chouette initiative autour de vous, et à écrire votre propre compte rendu dédié à la chanson de votre vie (voir ici). Vous serez de toute façon édités sur le site, puis en livre si vous êtes sélectionnés. A vous de jouer !

 

This Strange Engine – Marillion

Marillion This Strange Engine CD

Ce morceau-titre du neuvième album studio de Marillion, piste-fleuve de près de vingt minutes, constitue, non seulement le moment de bravoure des Britanniques mais, et c’est bien cela qui nous importe, une pièce de musique parmi les  plus émouvantes du rock du XXe siècle, ni plus ni moins. Ce long poème autobiographique en prose du chanteur Steve Hogarth (qui a remplacé l’Ecossais Fish en 1989, est-il besoin d’encore le rappeler ?), magnifiquement mis en musique par le Club des cinq, est structuré en plusieurs mouvements, qui suivent sinueusement les aspérités du texte. Certes, l’ensemble pourrait sembler cloner les bases d’un rock progressif honni par l’intelligentsia journalistique qui le croyait relégué dans l’antichambre des mauvais souvenirs issus des seventies. En fait, si certains passages feront immanquablement penser aux ténors du genre (Yes, Genesis et autres Pink Floyd), le tout forme un ensemble tellement cohérent, tenu en grande partie par la puissance évocatrice de la voix du chanteur, probablement l’une des plus belles du rock d’expression anglaise, comme le suggère lui-même le Dictionnaire du rock édité par Michka Assayas dans la collection Bouquins de Robert Laffont.

Le guitariste Steve Rothery, impressionnant de retenue, semble faire pleurer son instrument lors de deux soli magistraux qui fonctionnent comme « ponts de ponctuation » liant les différentes séquences. Pour être clair, quitte à rebuter une grande frange du lectorat, jamais David Gilmour (Pink Floyd) ou Steve Hackett (Genesis) ne sont parvenus à ce point de sensibilité, tout en élégance et en mélodie accessible. Écouter, pour s’en convaincre, le passage instrumental démarrant aux alentours des onze minutes. Au casque, les yeux fermés, on quitte le monde. Pour n’y revenir qu’en toute fin de voyage, au moment où le vocaliste se risque à pousser un cri primal du plus étonnant effet.

« This Strange Engine », cet étrange moteur qu’est le cœur de nos émotions, le centre de réception de tous les sensibles. La messe est dite. D’ailleurs, depuis la parution de ce magnum opus, en 1997, la périphrase utilisée par les mélomanes pour parler du groupe reste « La machine à rêver ». Jetez-y quelques pièces et décollez.

Christophe Gigon

http://www.marillion.com/

Participer à l’appel à écriture « Je ne laisserai jamais dire que ce n’est pas la plus belle chanson du monde » : http://www.cousumouche.com/plusbellechanson/

Passer commande d’un ouvrage chez l’éditeur : http://www.cousumouche.com/

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3 commentaires

  • Thierry

    Tout est dit ça me va très bien. Et pourtant ce groupe recèle dans sa discographie tellement d’autres œuvres aussi épiques que mélancoliques : Afraid of Sunlight (le meilleur album ?), Gaza, Fugazi, Brave (le 2 eme meilleur album?). Bref que du bon dans cette longue carrière. J’apprends que Fish va bientôt prendre sa retraite, j’espère que les 5 d’aylesbury vont continuer de leur côté. Seul bémol : la voix de steve hogarth qui devient parfois criarde en concert.

  • Beverly Baker

    Comment ne pas être d’accord! Sublime….

  • Tadig

    A 100% !
    Quelle claque à chaque écoute !
    Dès les premières secondes, on est enveloppé par la basse de Pete et la voix de H, puis par les claviers de Mark. Après, ce sont des montagnes russes d’émotions (de la zénitude totale à la tension extrême…).
    En concert, j’ai souvent ressenti que le public était en accord parfait avec le groupe sur ce titre. A la fin du solo de guitare où on est littéralement en apesanteur, la reconnaissance du public est tout à fait palpable (Steve s’inclinant d’ailleurs toujours élégamment, avec sa modestie habituelle, en guise de remerciement).
    C’est donc la plus belle pièce musicale pour moi. Avec Comfortably Numb des Floyd, ce sont les 2 titres après lesquels en concert, je me suis dis « maintenant, tu peux éventuellement crever… »
    D’autres pièces sont également sublimes : Neverland, The great escape, The invisible man, The new kings, King…

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