The Neal Morse Band – The Grand Experiment

The Grand Experiment
The Neal Morse Band
2015
Inside Out

Neal Morse Great Experiment

Quand on aime, on ne compte pas. Et Dieu sait que Neal Morse nous aime, peut-être même un peu trop. Prolifique serviteur de la cause progressive, voici que déboule son premier opus de l’année, baptisé « The Grand Experiment ». Combien y en aura-t-il encore ? L’avenir nous le dira. Le titre de l’ouvrage annonce parfaitement la couleur : il s’agissait en effet de partir enregistrer collectivement du nouveau matériel sans avoir écrit une seule ligne ni composé la moindre note. Totale nouveauté dans la démarche de notre Cecil B. DeMille du prog (marque déposée) ! Que se passerait-il donc si Neal Morse et ses potes se rendaient en studio et se laissaient aller à développer ensemble de simples et disparates intuitions musicales ? La réponse est contenue dans cet album, réalisé sans aucune préméditation. Neal y réunit sa fidèle section rythmique de choc Mike Portnoy (ex-Dream Theater, The Winery Dogs, ex-Adrenaline Mob et on en passe…) et Randy George, accompagnés de Bill Hubauer (claviers) et d’Eric Gilette (guitare), aka « la perfection au masculin ». Rien que ça. Le résultat ? Alors ça musique, ça passionne, ça virevolte, ça s’amuse, bref, ça joue quoi ! Et cela nous donne du Spock’s Beard mélangé à du The Winery Dogs, agrémenté de touches Yes, Genesis et Gentle Giant, le tout secoué dans un shaker, produisant ainsi un Neal Morse Band des plus fréquentables, moins « claviers pompiers », et plus « rock pêchu » qui donne le sourire.

Bonne formule ? Résolument oui, surtout que l’album dure moins d’une heure, avec un seul epic de vingt-six minutes, ce qui aère considérablement la chose. Un renouvellement bienvenu, mais bien entendu limité. Bon, pour faire bonne figure, il y a quand même un CD bonus, avec trois rescapés des sessions de l’expérience, agrémenté de deux titres capturés en live au Morsefest. Oui, car voyez-vous, Neal assume son statut de dieu vivant du rock prog, et il a carrément été jusqu’à créer un festival… à son nom ! Décidément, on ne le tient plus, et puis « Morsefest », avouez que c’est classe quand même ! L’édition limitée de l’album intègre également le DVD du making of, un must pour tout fan qui se respecte et qui ose la curiosité d’aller mater Neal et ses potes naviguer en terre inconnue (mais sans Frédéric Lopez).

Neal Morse Band

Ouvrons donc sans plus tarder ce nouveau tabernacle du Père Morse & Cie afin d’en découvrir les nouvelles tables de la loi. « The Call », morceau de bravoure qui sert de pièce d’exposition, rassurera de suite les admirateurs de l’homme-instrument : dix minutes de maîtrise musicale proprement ahurissante et démoniaque (oups, pardon Neal !), proposant un solo de claviers qui aurait pu figurer sans sourciller sur le célèbre « The Web » de l’album inaugural de Marillion, en (déjà) 1983. Ainsi, ce ne sera pas encore pour cette foi(s) que l’on pourrait craindre une révolution copernicienne chez nos cousins d’Amérique.

Après le hit en puissance qu’est « The Grand Experiment » (morceau au refrain qu’aurait pu aisément chanter feu Freddie Mercury de Queen), débarque le titre plus apaisé « Waterfall » qu’on croirait échappé du superbe « Wind And Wuthering » du Genesis de la grande époque. Le morceau plus faible de l’album, « Agenda », n’existe que pour prouver que le divin Neal n’en est pas moins humain (peut-être même écoute-t-il Céline Dion en douce ?). Heureusement, le phénoménal « Alive Again » achèvera de convaincre les païens que ce Neal Morse Band constitue peut-être ce qui se fait de mieux aujourd’hui en matière de rock progressif classique et classieux. Voilà, la messe est dite.

Le lecteur attentif et critique aura sans doute remarqué qu’il apparaît comme bien malaisé d’analyser cette nouvelle offrande sans la mesurer à l’aune des travaux de leurs prestigieux aînés. C’est bien là que le bât blesse quelque peu, comme à l’accoutumée avec l’ancien Spock’s Beard. A force d’hommages appuyés au passé, on frôle souvent la citation pure et simple. Mais toujours avec maestria et bonne volonté.

Relevons également que, pour une fois, on a bien affaire ici à un travail collectif. Preuve en est la nouvelle appellation « The Neal Morse Band ». Sonnez trompettes (de Jéricho), l’album nouveau est là.

Christophe Gigon & Fred Natuzzi (8/10)

http://www.nealmorse.com/

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