The Claypool Lennon Delirium – Monolith Of Phobos

Monolith Of Phobos
The Claypool Lennon Delirium
ATO Records
2016

The Claypool Lennon Delirium – Monolith Of Phobos

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Imaginez un peu : voilà que débarque un groupe venu de nulle part, ou plutôt de la planète Dingo ! Les Claypool, rien que son nom fait trembler bien des bassistes… Cet allumé de première à qui l’on doit quand même Primus, Oysterhead (avec Trey Anastasio et Stewart Copeland, si vous ne l’avez pas fait, précipitez-vous sur The Grand Pecking Order de 2001), ou encore The Les Claypool Frog Brigade, semblait vouloir faire une pause (en est-il donc vraiment capable ?) avant une relance hypothétique de Oysterhead… Et voilà qu’il croise Sean Lennon, jamme avec lui, lui propose de monter un projet, et hop, voilà nos deux cinglés embarqués sur le même rafiot : The Claypool Lennon Delirium. D’autant que, lorsque Sean explique à Les qu’il est le neveu de Neil Diamond (enfin, les versions journalistiques se contredisent un peu), l’affaire est conclue au débotté dans le ranch de Les (côte Ouest), et quelques semaines plus tard, les compositions sont terminées… Forcément, au regard du pedigree des deux protagonistes, on peut s’attendre à un disque étrange, surtout qu’ils avouent tous deux leur amour pour la période psychédélique du rock !  Eh bien, oui et non…

Monolith Of Phobos sonne un peu comme une récréation que se seraient accordée Sean et Les, vous savez, de celles qui paraissent magiques comme la rencontre d’un camarade que l’on s’étonne de ne pas avoir connu avant. Et du coup, on s’autorise bien des choses : Les qui a l’habitude de s’assoir derrière les fûts pour ses albums a laissé les baguettes la plupart du temps à Sean, estimant que celui-ci faisait sonner les peaux et les cymbales comme un croisement de Ringo Starr (tiens tiens) et de Nick Mason (oh oh) ! Et puis, les guitares de Sean sont diablement efficaces, distordues, triturées, psyché à mort. Et encore, le jeu de basse de Les Clayton… Bah, ce n’est même pas la peine d’en parler, c’est Les Clayton ! Et curieusement, ça sonne comme un revival de Pink Floyd (pas étonnant quand on sait qu’ils jouent « Astronomy Domine » sur scène, écoutez juste l’intro de « The Monolith Of Phobos ») et de Gong, des Beatles du White Album et de King Crimson (« Cricket And The Genie », I et II, écoutez-moi ce final), ça oscille entre un funk hilarant et sur-vitaminé (« Mr. Smith ») et du psychédélique légèrement stoner (« Boomerang Baby »). On a bien sûr droit aux pitreries habituelles du sieur Clayton (« Breath Of A Salesman » ou « Captain Lariat ») mais c’est toujours plaisant. Mais on a également droit à un Sean très lennonien dans son chant (« Ohmerica », « Boomerang Baby » ou le planant « Bubbles Burst » qui parle du chimpanzé de compagnie de Michael Jackson – voir la vidéo). On pourrait fermer les yeux et quasiment imaginer John (comme lorsque ces jeunes gens reprennent « Tomorrow Never Knows » sur scène)…

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Pour qui aime les deux protagonistes, le rock psychédélique, une bonne partie des influences mentionnées, ce Monolith Of Phobos arrive comme une friandise. Les plus tatillons regretteront une production et un mastering qui ont tendance à tout écraser sur les passages les plus enlevés… Compte tenu de l’emploi du temps et de la versatilité de Les Claypool, TCLD n’a peut-être aucun avenir. Ce serait bien dommage, car ce Monolith Of Phobos est quand même une perle rare dans un océan de disques qui se ressemblent un peu tous, et nous fait mieux découvrir un Sean Lennon assumant parfaitement la génétique et l’héritage écrasant de John et Yoko… Et c’est pour ces raisons que j’aime ce disque barré et psyché, décalé et drôle, bluffant et planant. Alors, en vérité je vous le dis (oh l’autre, il a fondu un câble) : « You oughtta try it, you really oughtta try it. »

Henri Vaugrand

http://theclaypoollennondelirium.com/

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