Steve Hogarth & Richard Barbieri – Not The Weapon But The Hand

Not The Weapon But The Hand
Steve Hogarth & Richard Barbieri
2012
Kscope

Steve Hogarth & Richard Barbieri – Not The Weapon But The Hand

Frontman de génie, chanteur à la voix d’or, leader charismatique, poète charmeur, humaniste, parolier inspiré … peu d’artistes de la musique peuvent se vanter d’avoir autant de louanges que Steve Hogarth. Intégré à Marillion depuis 1989, H, comme il se surnomme, n’aura pas eu de cesse que d’aimer et de se faire aimer au sein d’un groupe mythique, en apportant avec lui toute sa richesse musicale pop et new wave. Ce n’est pas un hasard si son groupe de chevet s’appelle The Blue Nile, formation écossaise qui n’a sorti que 4 albums en 30 ans, et qui pratique la pop new wave planante et romantique, d’une beauté rarement surpassée. Steve Hogarth n’a sorti qu’un seul album solo, l’éclectique « Ice Cream Genius ». Lors de sa tournée (dont un concert mémorable au Café de la Danse début 2002, chroniqué dans ces pages), on retrouvait sur scène Richard Barbieri, ex-Japan, et tisseur d’atmosphères pour Porcupine Tree. Les deux compères avaient tellement aimé collaborer ensemble qu’ils avaient eu le projet d’un album commun. Il aura fallu 10 ans pour qu’il voit le jour.

« Not The Weapon But The Hand » a été enregistré sur une longue période, Barbieri envoyait à Hogarth ses créations sonores, tandis qu’Hogarth étudiait la structure du morceau afin de s’adapter au paysage musical. Ainsi, ce ne sont pas à de simples chansons pop auxquelles nous avons affaire, mais bien à des morceaux sophistiqués et ultra travaillés. Hogarth ne voulait pas déstructurer les compositions de Barbieri pour qu’à tout prix son texte puisse exister, mais adapter le texte ainsi que le chant aux morceaux, créant ainsi une œuvre cohérente et fluide. Le résultat est sidérant. Jamais on n’a entendu H chanter de cette manière, ajoutant des couches de vocaux les unes par-dessus les autres, triturant électroniquement sa voix, chuchotant, jouant sur les réverbérations et échos, révélant des trésors enfouis au travers d’émotions éclectiques. Quant à la musique, les ambiances sont riches et commencent toutes très simplement pour ensuite s’envoler vers des horizons tantôt expérimentaux, tantôt rock, planants, ambient ou electro. Les deux compères se sont entourés de Dave Gregory, ancien complice de H en solo et ex XTC, Danny Thompson de Pentangle, Arran Ahmun, et de Chris Maitland, ex Porcupine Tree. Que du beau monde donc !

Il y a des morceaux plutôt accessibles, comme « Crack », assez direct, aux paroles répétitives, ou « Only Love Will Make You Free » et son refrain accrocheur, d’autres rappelant le premier effort solo de H comme « A Cat With Seven Souls » ou « Your Beauitiful Face » avec un superbe groove ; d’autres encore sont plus expérimentaux comme « Lifting The Lid », ambient et virant jazz sur sa dernière partie, ou « Naked » à l’ambiance inquiétante. Mais le morceau de choix, le chef d’œuvre de l’album, c’est bien « Red Kite », une invitation poétique planante et magnifique, qui vous emmène aussi haut que ce red kite, ce cerf-volant rouge, peut voler.

« Not The Weapon But The Head » révèle au fil des écoutes une infinie profondeur. Il se dégage de l’album une certaine sagesse, une sérénité par moment très belle, reflet du travail d’orfèvre de nos deux protagonistes. C’est donc un disque exceptionnel qui demande certes une écoute attentive, mais qui rend à celui qui l’écoute un plaisir certain. Un des meilleurs albums de l’année pour ma part.

Fred Natuzzi (9,5/10)

http://www.stevehogarth.com/

http://www.richardbarbieri.net/

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