Roger Waters – Is This The Life We Really Want?

Is This The Life We Really Want ?
Roger Waters
Columbia
2017

Roger Waters – Is This The Life We Really Want

Cela faisait 25 ans que l’on n’avait pas eu de nouvelles créations de la part de Roger Waters (excepté l’opéra Ça Ira en 2005), tout occupé qu’il était à finir sa tournée The Wall, dont la dernière incarnation s’est faite au Stade de France en septembre 2013 (et j’y étais, c’était fabuleux) ! Alors c’est peut-être cet album mythique qui a relancé son inspiration tant le rapprochement de ce nouvel opus avec The Wall est prégnant. Mais pas que, il y a aussi des clins d’oeil à Animals, à The Final Cut et à d’autres moments floydiens, avec tout le bruitage habituel. On dira ce que l’on voudra sur l’âme du Pink Floyd : certains adhèrent à la hargne de Waters quand d’autres préfèrent la mélancolie d’un Gilmour. Alors, qui détient la magie d’antan ? Eh bien les deux, et cela n’est pas nouveau. Bien que, en comparant leur deux derniers soli, il est clair que c’est Waters qui remporte le trophée car ce son si particulier des Floyd, eh bien, il est là, et il donne le frisson. Waters ne s’est pas assagi avec les années, oooooh non. Il est toujours en colère, pétrissant son œuvre de références politiques et sociales. Et c’est du monde d’aujourd’hui qu’il est question dans Is This The Life We Really Want?, album au titre explicite. Produit par Nigel Godrich (Radiohead, Paul McCartney…), l’opus est étincelant et porté par la voix assurée et forte d’un Roger Waters au sommet de sa forme. Côté musiciens, notons la participation aux guitares de l’excellent Jonathan Wilson, décidément dans tous les bons coups, ce folkeux californien qui a remis le son 70’s au goût du jour et qui avait sorti Roy Harper de sa torpeur (Roy Harper qui était la voix de « Have A Cigar », rien n’arrive par hasard…) ! Alors Jonathan Wilson gérontophile ? Ça c’est une autre histoire…

Roger Waters band 2

Revenons-en à Roger. Roger, en bon anglais qu’il est, n’est pas content des résultats de l’élection américaine. Il trouve que Trump au pouvoir, bah ça pue, et il le fait savoir en grandes pompes, lors du début de sa tournée américaine cette année… Neil Young s’était vu reprochée sa nationalité canadienne lorsqu’il a osé chanter « Let’s Impeach The President » contre Bush alors qu’il vit aux États-Unis. Bon, j’en ai pas entendu un contrarier Roger Waters jusqu’ici, ça moufte pas… Et c’est un peu ce qui me gêne, après tout Trump a été élu. Attention je ne suis pas un pro-Trump, mais est-ce que ça ne vous ferait pas tiquer si Stromae, belge de son état, gueulait à cor et à cri de virer Macron de son fauteuil de président ? Alors attention, j’adore les Belges. Surtout leurs bières. Mais Stromae, non, là c’est trop. Et je ne suis pas un pro-Macron non plus… Bon je me disperse.

Revenons-en à Roger. Roger, 73 ans, n’avait rien fait donc depuis 1992, contrairement à son pote David qui avait quand même commis deux ou trois soli, pas désagréables d’ailleurs si on aime la SNCF ou les harmonies vocales de David Crosby (qui a aussi sorti un album fort beau il y a quelques mois). Du coup, il a mis le paquet et ça se sent. L’album se déguste comme un vieux whisky, avec délectation et jubilation, on goûte, on ouvre grand les yeux, on tend le verre le front ridé de plaisir pour le regarder d’un peu plus loin et on hoche la tête de haut en bas pour marquer sa satisfaction étonnée. Et ça plusieurs fois dans le disque. C’est fort. Mais c’est la limite de l’opus : après tout, Waters a déjà fait ça. Il ne prend donc pas trop de risques et tourne en boucle ses obsessions. Ça dépend de ce que l’on attend de lui, donc.

Roger Waters band 1

Citons alors « Déjà Vu » qui nous emmène droit dans le propos avec la voix de Waters, fascinante, enveloppée de cordes lyriques, et cette guitare acoustique si familière avec ce son de batterie 70’s. Le morceau marche mais la nostalgie opère. Waters nous prend par les sentiments… Direction Pink Floyd avec les claviers planants de « Picture That », associé au dynamisme de Waters, avec quelques touches de guitare typiquement « wilsonniennes » (Jonathan, hein, pas Steven !). Quasiment sept minutes de bonheur, et ça continue avec « Broken Bones », également dans le feeling Floyd. « Bird In A Gale » hypnotise sur un rythme prenant, Waters y faisant preuve de hargne pour fournir un très bon travail atmosphérique, un top. « Smell The Roses » sort directement d’un Floyd tant les riffs se ressemblent. Peut-être même trop. Mais ce n’est pas pour rien que ce morceau est le plus jouissif de l’album. Même feeling pour « Wait For Her » et ses deux suites, à croire qu’il ne connaît que peu d’accords de guitare acoustique… Il n’empêche, on est content d’avoir un nouvel album qui est quand même très bon et qui s’écoute d’une traite sans s’ennuyer.

Roger Waters assure donc le show mais sans véritablement innover. Le son Pink Floyd est là, enfin le Floyd de Waters, la colère aussi. Faut-il se contenter de cela ? À vous de juger !

Fred Natuzzi

https://rogerwaters.com/

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