Robert Schroeder – Ferro Oxid

Ferro Oxid
Robert Schroeder
2012
Spheric Music

Robert Schroeder – Ferro Oxid

Parmi les artistes qui ont repris le flambeau des grands créateurs de musiques électroniques planantes des années 70, et qui ont donné un prolongement créatif et durable à ce style communément désigné « Berlin school » ou « Cosmic music », Robert Schroeder compte parmi mes préférés. De nationalité allemande comme la plupart de ses pairs, le compositeur démarre sa carrière en 1979, en publiant d’entrée de jeu l’album considéré par beaucoup, et à juste titre, comme son chef d’œuvre absolu. « Harmonic Ascendant » est produit et mixé par Klaus Schulze, le maître du genre (et dont Robert Schroeder a été l’élève appliqué), pour un résultat confondant de beauté et de romantisme. Aux nappes atmosphériques et autres séquences hypnotiques générées aux synthétiseurs, Schroeder ajoute sur la suite titre une touche acoustique et mélodique bienvenue à l’aide du piano et de la guitare classique, conférant à l’œuvre une dimension poétique toute particulière. Les amateurs des grandes heures de Mike Oldfield, celles de la genèse du jeune prodige donc, sauront également apprécier !

Après ce premier vol inaugural on ne peut plus réussi et qui formalise à merveille la « patte » caractéristique de Robert Shroeder, le musicien signe quelques-uns de ses disques chez IC Music, label fraîchement créé par Klaus Schulze himself, parmi lesquels on compte quelques-uns de ses plus beaux efforts, tels que « Cygnus-A », « Paradise » ou « Pegasus », devenus avec le temps des petits classiques à part entière pour tout amateur d’escapades électroniques analogiques. Très ouverts aux innovations technologiques et informatiques, Robert Schroeder ne s’est jamais arrêté de produire de la nouvelle musique, en prenant soin néanmoins de diversifier sa palette sonore et en élargissant le spectre de ses influences, de l’ambient au chill-out, en passant par le trip-hop ou le « down tempo », mais sans jamais complètement renier ses origines inspiratrices ni ses premiers amours.

Et ce n’est certainement pas son nouvel opus intitulé « Ferro Oxid » edité chez Spheric Music qui va contredire mes propos, tant celui-ci reste profondément ancré dans les racines du genre qui ont vu naître cet habile plasticien des rythmes et des sons cosmiques, même si ce dernier ne se prive pas ici et là de donner une coloration plus moderne, entre musique lounge et psy-trance, à ses nouvelles compositions (voir « Carbon Dioxide », « Time Is Changing » ou « Matter Decay »). Pour le reste, les références qui sautent une nouvelle fois aux oreilles sont les piliers Tangerine Dream (celui, particulièrement mélodique, des années 80) et l’indétrônable Klaus Schulze. En effet, impossible de ne pas penser à ce dernier en découvrant la seconde partie du morceau introductif, qui renvoie aux beats technoïdes du controversé « Are You Sequenced ? », ou encore au fabuleux « Nature Processed », véritable clin d’oeil, pour ne pas dire hommage, aux ambiances les plus profondes et éthérées de « Body Love » ou de « Mirage ».

Les nappes de mellotron ne manquent pas à l’appel tout au long de ce « Ferro Oxid » qui invite en permanence au voyage intérieur et à la rêverie, pas plus que les vocoders et le minimoog, instrument vintage grâce auquel sont exécutés ici la plupart des solos mélodiques, même sur les titres les moins conventionnels, tel que le très ludique « Reduction » et sa ligne de basse funky, sorte de mix improbable entre Herbie Hancok et Kraftwerk ! On retrouvera d’ailleurs un petit zeste de cette figure germanique emblématique de la synthpop sur « Acceleration », superbe titre de conclusion, onirique à souhait, qui conjugue allègrement sur de très amples textures sonores le rythme saccadé d’un « Trans Europe Express »  avec des arpèges analogiques de toute beauté, qui ne sont pas sans rappeler ceux de notre Jean-Michel Jarre national à ses (trop rares) meilleurs moments.

Rien à mettre de côté durant les 70 minutes de « Ferro Oxid », où Robert Schroeder reste sur un format de composition assez long, ce qui permet à l’auditeur de prendre le temps de s’immerger dans chacun des univers déployés. Un réussite de plus à compter à l’actif du compositeur allemand, hors du temps et hors des modes, et très certainement l’un de ses tous meilleurs disques des années 2000 !

Philippe Vallin (8/10)

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