Retina.It – Descending Into Crevasse

Descending Into Crevasse
Retina.It
2012
Glacial Movements

Descending-Into-Crevasse

Maintenant que je suis devant mon écran, les doigts suspendus au-dessus du clavier, je me rends compte d’une chose. Comment parler d’un disque de musique ambient ? Concrètement, qu’est-ce qui va rendre le dit objet, excellent, bien, pas mal ou mauvais ? Qu’est-ce que je peux affirmer, finalement, sur une expérience solitaire, dont chaque écoute aura un tout autre visage, une expression multiforme ? Il est vraiment difficile d’apposer des mots, une rhétorique face à ce genre de pièce. À cheval entre l’art contemporain, la musique et les traitements analogiques ou numériques, l’ambient est un genre qui échappe à toutes connotations ,et la critique que j’émets ne peut que péniblement rassembler une bribe d’informations ou de pensée éparpillée. J’essaye quand même.  » Retina. It » n’est pas du tout venant, le duo Italien a déjà fait ses armes à la fin des années 90, passé par la période myspace (où on n’aura jamais vu autant de projets electronic/ambient à ce jour) et continué son bonhomme de chemin. L’analogique, ça les connait, le numérique aussi. Les ambiances éthérées qui prennent leurs ampleurs dans l’obscurité d’une chambre, ça marche aussi.

Sons classiques retravaillés, percussions sourdes émergeant d’un abysse inter-dimensionnel, mélodies vaporeuses, utilisation spatiale du silence, les amateurs se retrouvent dans un terrain connu, à défaut d’ouvrir un portail sur un monde nouveau. Mais là où j’aurais pu pointer du doigt « gna gna gna » qu’on a déjà entendu ça, « gna gna gna », ce qui est en partie vrai, « Retina.It » parvient à envelopper celui qui écoute. Les basses répercutent comme il faut, un peu grasses mais vivantes, un passage plus électro classieux aère l’ensemble qui aurait pu ressembler qu’à un vulgaire bloc de glace frappé par le vent, ou encore à du Thomas Köner avec un zeste de mélodie. « Descending Into Crevasse » a mis du temps à me donner un aperçu. Il m’a bercé quand j’étais allongé, accompagné, café à la main en train de regarder la neige tomber.

Un contexte qui en crée un autre car, soyons franc, la thématique d’un disque d’ambient n’est que très rarement tributaire de son écrin sonore. Après tout, c’est toi qui va te monter ton propre film expérimental, ta propre fiction, ton propre paysage, et la thématique d’approche sert, en effet, à juste « approcher ». Car, en fin de compte, ce qu’on retient, ce sont les structures minimales (mais pas vides), l’émotion par son absence, le fantastique, ces sonorités détaillées qu’on entend à peine mourir. En cela, « Retina. It » peut se targuer d’avoir réussi à m’avoir fait passer des soirées hivernales où être seul ne rime pas forcément avec solitude.

Jérémy Urbain (7,5/10)

http://www.retinait.com/

http://www.glacialmovements.com/

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