Pymlico – Directions

Directions
Pymlico
2012
Spider House Records

Pymlico – Directions

Derrière ce patronyme pour le moins étrange et laconique, se dissimule le batteur norvégien Arild Broter. Après avoir publié, en 2011, un premier opus passé totalement inaperçu, le bougre se rattrape aujourd’hui (et de quelle manière !) avec « Directions ». Cet album de la maturité évoque en effet le mariage au sommet entre les Flower Kings, le early Pink Floyd et le meilleur Tangerine Dream. Mais c’est surtout de la bande à Roine Stolt que la formation se rapproche le plus. Le titre d’ouverture « Compliments Of Sharkey » rappelle en effet, durant cinq minutes, les meilleurs moments de « Stardust We Are », sans qu’il soit pour autant jamais question de plagiat (Jonas Reingold et Roine Stolt sont du reste remerciés chaudement sur le livret du CD pour leur influence précieuse). « Directions » est une aventure musicale échevelée, peuplée de soli jubilatoires – on renonce à les compter – et constitue un kaléidoscope harmonique tout bonnement vertigineux. Ses six morceaux (dont deux dépassent allègrement la barre des quatorze minutes) nous offrent une musique entièrement instrumentale qui surfe, par un vent mélodique de force dix, sur les crêtes de l’émotion et développe une emphase lyrique quasiment jamais prise en défaut et un éclectisme impressionnant.

Les délires de claviers azimutés de « Heroes » (14’01), signés par Oyvind-Anders Haugen, se télescopent avec des touches à la Anglagard (la flute ensorceleuse de Karoline Torkildsen, certaines séquences harmoniques), le tout sous l’égide d’un esprit symphonique hérité en droite ligne du Pink Floyd de « Meddle » ou du grand Genesis. Et, comme un bonheur n’arrive jamais seul, le reste de l’album est largement à la hauteur de cette suite d’anthologie et nous dévoile un combo à géométrie variable au sommet de son art et de sa maturité. Pymlico y fait preuve d’une pureté et d’une sobriété mélodiques renversantes, réduisant volontairement les passages prises de tête à leur plus simple expression (les six minutes exagérément bruitistes de « The Little Grey Cells », avec un saxophone transfusé au VDGG le plus fou furieux), au profit d’une quête de tous les instants de la phrase musicale juste.

Les nombreux invités flirtent, pour leur part, sur le plan individuel comme sur le plan collectif, avec la perfection. Les claviers (piano cristallin sur « R.W », nappes veloutées d’orgue sur tous les morceaux) font des ravages et la saine émulation qui règne entre eux et les guitares les conduit manifestement à se surpasser. L’équilibre structurel synthés/six-cordes est donc de rigueur et, dans ce contexte, le jeu à fleur de peau du gratteux Mads Tvinnereim Horn atteint de véritables sommets. Avec une section rythmique qui s’acquitte ma foi fort bien de sa tache (avec une basse particulièrement volubile et véloce), ce « Directions » nous offre donc plus d’une heure de bonheur absolu.

Bien dans sa peau et dans son époque, tout en étant résolument tournée vers le futur, la musique de Pymlico constitue, au final, une jolie référence !

Bertrand Pourcheron (8/10)

http://pymlico.wordpress.com/

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