PTF – What Is Constant

What Is Constant
PTF
2015
Musea

PTF-What-Is-Constant

PTF est un groupe japonais qui, à l’instar de ses compatriotes de KBB, joue un jazz-rock tour à tour vivifiant et berçant. Comme sur leur premier album, « Percept From…« , sorti en 2013, « What Is Constant » accorde une grande importance aux développements aériens et virtuoses du violon, se manifestant majoritairement dans sa version acoustique, même si le format électrique n’est pas exclu. Et pourtant, même si sur l’enivrant « Time Lapse », le violon pleure des larmes de crocodile sous des airs de monocorde chinois, ou tourbillonne tel un derviche tourneur, ce sont bien les claviers qui y sont à l’honneur. Tout y passe, le piano tour à tour alarmé et amusé, l’Hammond spectral, et enfin le Rhodes épileptique. Si sur cet étourdissant morceau d’ouverture, la batterie rivalise de virtuosité jusqu’à ne plus savoir où « donner de la tête », elle est en revanche moins défricheuse sur l’imposante suite. Sur celle-ci d’ailleurs, c’est le violon qui règne à son tour en maître.

Signalons au passage la versatilité de l’instrument. En effet, celui-ci baigne dans une allégresse aux épanchements bucoliques, se jette à cordes perdues dans une introspection larmoyante ou encore se sent pris d’une frénésie incontrôlée. Les claviers tentent d’instaurer un dialogue avec le violon, mais ce dernier semble « n’en faire qu’à sa tête » (tiens, à nouveau une expression à « tête » !). En effet, d’une part, les premiers n’osent pas s’aventurer, tellement l’appétit de leur frère d’armes est gargantuesque (« part 3 – Beyond The Ridge »). D’autre part, le second se joue des mélodies de ses compagnons tactiles, les laissant à la rigueur mimer les siennes (« Part 1 – Glacier Blue »). On notera néanmoins que dans « Part 2 – The Versatile » (tiens, on parlait de versatilité…) et « Part 4 – Cloud 9 », violon et claviers parviennent à s’exprimer à tour de rôle, laissant un temps les querelles d’ego !

PTF band

« Part 4 » justement, semble être un vaste laboratoire d’exploration… pour le violon, vous l’aurez deviné ! Y sont en effet passés tour à tour en revue, le bluegrass des soirées appalachiennes, la musique traditionnelle du pays du Soleil Levant, ou encore le minimalisme d’un Philip Glass. Le violon partage une dernière fois ses joies et ses peines dans la valse légère qui conclut un album où méditation et virtuosité se conjuguent à merveille.

Prenant le risque de faire du tout instrumental d’une part, de s’aventurer sur un terrain jazz-rock/progressif à violon où la comparaison avec les légendaires Dixie Dregs, Jean-Luc Ponty, Michał Urbaniak, ou encore UK, est inévitable, PTF réussissent néanmoins à transcender les a priori. Assurant un équilibre entre technique et mélodie, ils parviennent à nous transporter dans un univers à la fois entraînant et onirique.

Lucas Biela (8,5/10)

http://www.ptfweb.com/

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