PFM + Pagani – Piazza Del Campo

Piazza Del Campo
PFM + Pagani
2005
Aereostella/Sony

PFM + Pagani – Piazza Del Campo

Tirant son nom d’une boulangerie de Brescia, Premiata Fomeria Marconi fut à la fois le pionnier et le leader incontesté de l’école progressive italienne des Seventies. Avant que Mauro Pagani, son émérite flûtiste/violoniste, ne tire sa révérence en 1976, la formation signa en effet, de « Storia Di Un Minuta » en 1972 à « Chocolate Kings » en 1975, cinq albums studio de toute beauté. Forts d’un lyrisme exacerbé, d’une technicité affolante, ainsi que d’un goût prononcé pour l’hybridation stylistique et l’expérimentation, ces opus incontournables rivalisent aujourd’hui encore avec les plus belles réussites enfantées par le King Crimson Mark I. Le fait que Peter Sinfield, alors parolier attitré du Roi Cramoisi, ait décidé, en 1973, de produire « Photos Of Ghosts » (jalon discographique essentiel pour PFM) ne relève ainsi en rien du hasard. Après trente années d’une carrière en forme de montagnes russes, au cours de laquelle le meilleur (« Jet Lag » en 1977 ou « Ulisse » en 1997) a constamment côtoyé le médiocre (« Corne Ti Va In Riva Alla Citta » en 1981 ou « Serendipity » en 2002), le groupe a décidé de se reformer dans sa configuration initiale, le temps d’un concert exceptionnel donné le 29 août 2003 sur la célèbre place Del Campo a Sienne.

Les quatre piliers du combo (le guitariste Franco Mussida, le claviériste Flavio Premoli, le bassiste Patrick Djivas et le batteur/chanteur Franz Di Cioccio) s’y sont fendus, avec le précieux concours du sieur Mauro Pagani, d’une setlist absolument magistrale. Ouvrant les hostilités avec le sublime enchaînement « Rain Birth »/ »River Of Life », considéré par beaucoup comme l’acmé de leur œuvre (richesse mélodique impressionnante, breaks foisonnants, crescendi bouleversants), nos cinq compères adressent, sur « Piazza Del Campo », de savoureux clins d’œil à un passé fertile en histoire(s) et en émotion(s).

Alternant atmosphères nostalgiques (les langoureux « Photos Of Ghosts » et « La Carrozza Di Hans », à la mélancolie à fleur de notes), épanchements fiévreux (les furieux « Mr 9 Till 5 » et « E’ Pesta », aux parties vocales habitées et aux envolées instrumentales renversantes de panache) et improvisations télépathiques (l’introduction free-jazz de « La Luna Nuova » et les époustouflants mano a mano violon/basse/guitare sur le bien nommé « Siena Violin Jam »), le gang transalpin enchaîne les moments de bravoure sans l’ombre d’un temps mort.

La cinquantaine rugissante, « ces hommes de l’ombre qui font la lumière » nous offraient, au final, un disque live gorgé de soleil. Un grand cru, donc, qui possède l’arôme fruité et subtil des meilleurs Chiantis. À déguster, de ce fait, sans modération…

Bertrand Pourcheron (8,5/10)

http://www.pfmpfm.it/eng/

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