Olivier Briand – The Tape

The Tape
Olivier Briand
2014
PWM Distrib

Olivier Briand The Tape

Depuis le lancement du label/association Patch Work Music il y a bientôt 7 ans, le synthétiste Olivier Briand n’aura jamais été aussi productif au fil de sa longue carrière vouée à la cause des musiques électroniques rétro-planantes, tout en maintenant un niveau de qualité dans ses créations qui force le respect. Avec « The Tape », le musicien nantais nous livre très certainement l’un de ses tous meilleurs albums, sorte d’aboutissement d’une démarche artistique que, pour ma part, je place sans hésitation aucune dans le peloton de tête de son étonnant palmarès. Le ton est donné à la fois par le titre du disque et par le superbe artwork en illustration, qui laisse deviner un vieux magnétophone à bandes fondu dans un magma multi-coloré. Le contenu de « The Tape » sera analogique dans son propos ou ne sera pas !

L’album est réalisé à partir de nombreux synthétiseurs hardwares tels que le Novation Ultranova, le Yamaha CS-10, le Korg « KingKorg » ou encore le Roland SH-09, pour ne citer que les références les plus connues des aficionados. Pour les moins férus de technique d’entre-vous, sachez qu’un synthétiseur « hardware » n’est rien d’autre qu’un synthé équipé d’un clavier, de réels potards et autres « faders » manipulables, avec lesquels on peut générer ses propres sons et en contrôler les modulations. En bref, des machines électro-acoustiques très coûteuses par le passé, mais qui ont eu tendance à se démocratiser et devenir plus abordables avec le temps et l’émergence des nouvelles technologies en matière musicale.

Olivier Briand Musicien

Équipé de tout cet arsenal de pointe avec en sus quelques synthés et samplers virtuels, Olivier a enregistré les 8 titres de « The Tape » le plus spontanément possible dans sa propre station audio-numérique (ou « DAW » : Digital Audio Workstation), celle-ci lui permettant d’assembler toute la matière sonore nécessaire à l’élaboration de son nouvel ouvrage. Et cet opus fraîchement édité s’avère à l’arrivée un nouvel hommage classieux au style « Berlin School 70’s », dont Olivier Briand et bon nombre de ses acolytes du label PWM célèbrent la tradition d’album en album avec le brio que l’on sait. Pour accentuer l’esprit « live » assumé de « The Tape », Olivier a fait appel aux services de son vieil ami batteur Mourad Ait Abdelmalek, qui intervient sur 4 morceaux (et pas des moindres !), soit sur la moitié du disque. Et le rythmicien fait des merveilles sur l’extraordinaire « Part 2 », qui n’est rien d’autre que le « Moondawn » d’Olivier Briand, possédé plus que jamais par l’âme du Klaus Schulze de la grande époque.

Ici, tout est en place à la milli-seconde près, tout est dosé à la perfection, de la mise en place progressive de séquences envoûtantes (ah, cette ligne de basse pénétrante qui ne vous lâche plus jusqu’au climax!) aux soli de claviers opportuns et jamais envahissants, en passant par les enchevêtrements de textures atmosphériques de toute beauté, l’ensemble appuyé par cette frappe de batterie tout en feeling, qui rythme et magnifie le trip pour un panard auditif absolu ! Superbe travail du batteur également sur les 17 minutes de la « Part 5 », l’autre gros plat de résistance de « The Tape », avec sa débauche jouissive de séquenceurs et son intensité émotionnelle qui va crescendo. Quel monstrueux édifice ! Là encore, Olivier s’amuse avec ses jouets qu’il maîtrise jusqu’au bout des doigts (c’est plus que palpable à l’écoute), et c’est finalement dans cet état d’esprit qu’il nous offre le meilleur de lui-même.

Les autres titres ne dénotent pas dans l’ensemble, même si certains sont quand même plus anecdotiques, sans être par ailleurs complètement inintéressants ou superficiels (les séquences et le solo de la « Part 3 » un peu trop « pompés » sur le Tangerine Dream post-« Stratosfear », une « Part 6 » un poil éprouvante car à la fois très agitée et trop ramassée…). Pour le reste, c’est du bonheur en barre (en bandes ?), jusqu’aux 2 pièces de conclusions qui vous feront tourner la tête à grand renfort d’arpégiateurs et autres boucles hypnotiques du plus bel effet.

Synthé Briand

Bref, un nouvel essai transformé (voire transcendé !) pour Olivier Briand, toujours aussi à l’aise dans son registre musical et on ne peut plus référentiel. On attend néanmoins de ce grand monsieur des claviers davantage de surprise et d’audace à l’occasion d’une future parution. Car s’il enchaîne avec une aisance déconcertante des albums d’électro-progressive qui enchantent nos papilles nostalgiques, le musicien évolue néanmoins dans un genre de passionnés conçu pour des passionnés qui a tout dit ou presque, et qui, avouons le, peine à se renouveler malgré la qualité des productions qui continuent à abonder.

Connaissant le potentiel, la curiosité et l’ouverture sur le monde d’Olivier Briand (l’homme est aussi un expert en instruments traditionnels de la planète entière !), il y a fort à parier qu’il saura nous surprendre à l’avenir, et pas qu’un peu ! Allez, le défi est lancé Olivier, et je suis prêt à prendre les paris que celui-ci sera relevé, tôt ou tard. Tout comme le courant ambient qui stagne plus que jamais (jusqu’à sombrer dans l’oubli si la tendance se confirme), les musiques électroniques progressives ont elles aussi besoin d’un grand bol d’air frais. A méditer, chers amis créateurs d’univers cinématiques !

Philippe Vallin (9,5/10)

CD disponible chez http://pwm-distrib.com/

Le nouveau blog de l’association Patch Work Music : http://asso-pwm.fr/blog/

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