Nightingale – Retribution

Retribution
Nightingale
2014
Inside Out

Nightingale Retribution

Qu’il est loin le temps où Nightingale nous glaçait le sang avec des élucubrations troublantes et des guitares spectrales qui sonnaient comme un hommage à la scène gothique des années 80, les Sisters Of Mercy en tête. De succube à la beauté aussi fascinante qu’effrayante, voici Nightingale transformé en nymphe se pâmant devant son satyre. En effet, l’ami Dan Swanö, qui avait secoué le monde du death metal avec Edge Of Sanity, avait mis sur pied un projet, solo à l’origine, qu’il appela Nightingale, et où il exprimait sa passion pour le rock gothique. En même temps que d’autres musiciens sont venus s’y greffer, l’initiative a peu à peu pris une tournure AOR (ou rock mélodique), et le dernier opus en date, « Retribution » vient confirmer ce virage. Que dire sinon que l’on navigue ici dans une pâle copie du « Passion » de John Payne & Andy Nye, sans jamais en atteindre le génie, ni dans les mélodies, ni dans les envolées vocales. En effet, la voix de Dan Swanö a beau posséder les qualités « rock » indéniable d’un Ray Wilson période Stiltskin, deux caractéristiques le desservent dans le style qu’il s’est mis un point d’honneur à développer au sein de Nightingale. D’une part, on s’irritera de son côté « hargne avortée » (sur « Warriors Of The Dawn », on le sent hésiter entre chant clair et growls, ceci donnant un peu l’impression que le chanteur est… constipé !). D’autre part, on pourra regretter ici et là l’absence de prise de risque (les couplets très dudiens de « Chasing The Storm Away » et « Divided I Fall », ou encore le pont réflectif de « Lucifer’s Lament »).

Par ailleurs, les refrains présentent des embryons de passion qui ne vont pas au bout de leur dessein faute de pouvoir monter dans les aigus, le suédois préférant les terminer par des hurlements ou des « wo-eur » plus appropriés à la furie d’un punk/hardcore ou d’un thrash metal qu’à la féérie de l’AOR. Il semble que la passion n’anime guère non plus les choeurs d’accompagnement. En clair, il manque dans toutes ces voix le feu du précité John Payne ou encore la théâtralité d’un Michael Sadler, bref des qualités essentielles pour briller dans le style AOR. Côté claviers, trop typés néo-prog d’un autre temps sur « Chasing The Storm Away » ou « The Voyage Of Endurance », ils y font plus tâche que mouche. Sur « Lucifer’s Lament » ou « Forevermore », ils sont cependant nettement plus réussis, car plus appropriés au genre.

Nightingale Band

Malgré ses défauts, cet album reste de bonne facture. Mais c’est un album de rock mélodique de plus, qui ne se démarque en rien des autres. L’ami Dan, que l’on peut saluer pour sa soif d’ouverture, ne m’a pas convaincu dans ses aventures AOR. L’homme a du mal à se détacher de la myriade de groupes de ce style, alors que dans l’univers gothique des débuts de ce même groupe, il nous avait complètement scotchés. En voilà un autre qui doit donc apprendre à connaître ses propres limites.

Lucas Biela (5,5/10)

http://www.nightingale.at/

[responsive_vid]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.