Nexus – Detras Del Umbral

Detras Del Umbral
Nexus
1999
Record Runner

Nexus – Detras Del Umbral

A l’heure où, suite à la tragique disparition de son bassiste emporté par un cancer, s’éteignait également le groupe Dogma (Brésil), chef de file du rock progressif symphonique sud-américain avec les mexicains de Cast, une nouvelle étoile du genre se profilait déjà à l’horizon. En effet, Nexus est une formation qui nous vient tout droit d’Argentine, et qui, en 1999, en imposa sévèrement auprès des fans du genre avec cette première oeuvre monolithique baptisée « Detras Del Umbral », où les musiciens démontrent d’entrée de jeu un réel talent technique et créatif. On ne s’étonnera donc de rien quand on sait que le groupe existait dans cette même configuration depuis plusieurs années déjà, ce qui lui avait laissé le temps de se rôder musicalement et de peaufiner à l’extrême la réalisation de ce premier opus. Emmené par son claviériste leader, le très talentueux Lalo Huber, Nexus détonne avec ce « Detras Del Umbral » qui en met plein les esgourdes, avant tout par la  flamboyance et  l’omniprésence de ses claviers, Moog et Hammond en tête (sans oublier les synthés plus modernes), dans la pure tradition des grands maîtres des seventies.

Il n’est pas bien difficile en effet de repérer les influences du compositeur argentin, tant celles-ci sautent aux oreilles durant les 73 minutes d’orfèvrerie et de démesure symphonique qui constituent l’album, qui, pour l’anecdote, a été enregistré en studio dans les conditions du live pour en renforcer l’impact et l’authenticité. Hormis les éternels Keith Emerson (ELP) et Rick Wakeman (Yes) pour lesquels Lalo Huber voue une admiration sans limite, c’est également à Clive Nolan (Arena, Pendragon) et Robert Erdesz (des hongrois de Solaris) auxquels on pense en se plongeant dans l’écoute de cette fresque grandiloquante parfaitement huilée d’un point de vue technique et d’une grande richesse mélodique. Le point le plus faible de ce disque globalement abouti (mais peut être un poil trop long car très homogène dans sa palette sonore), est à mon sens le chant féminin, trop « masculin » justement et un poil monocorde, de Mariela Gonzalez, qui n’est pas toujours à la mesure ni à la hauteur de l’ambition musicale affichée ici. Le timbre de voix de la chanteuse rappelle un peu celui de Laura Balsa de Tale Cue (la maîtrise en moins), groupe neo-prog italien à l’album unique, malheureusement tombé dans l’oubli aujourd’hui. « Detras Del Umbral » aurait mérité à mon sens une bien meilleure illustration vocale, mais fort heureusement, l’oeuvre est à dominante instrumentale, et le plaisir reste entier malgré tout.

Lalo Huber accordera pourtant une participation encore plus active de la chanteuse dans « Metanoia », l’album qui lui succèdera en 2001, confirmant tout le bien qu’on pensait de Nexus, avant que celle-ci ne laisse sa place à Lito Marcello pour les deux disques suivants, puis à Lalo Huber lui-même qui tient seul le micro dans « Aire », le petit dernier de nos argentins disponible depuis peu en CD. En attendant notre bilan de celui-ci, « Detras Del Umbral » demeure encore aujourd’hui un classique du rock progressif néo-symphonique qu’on ressort de sa collection et qu’on réécoute avec plaisir, de par son haut niveau d’inspiration et son caractère finalement intemporel de par ses choix esthétiques.

Philippe Vallin (8/10)

http://www.myspace.com/nexusarea

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