Neal Morse – Momentum

Momentum
Neal Morse
2012
Inside Out

Neal Morse – Momentum

Un nouvel opus de Neal Morse est toujours attendu comme le messie. On tombe à genoux devant le facteur médusé qui vous apporte la galette, et on prie que le dieu du prog nous a encore concocté un évangile de haute volée. Eh bien, oui ! Comme à son habitude Neal nous fait un (quasi) sans faute. Ces 6 titres arrivent après l’énorme package « Testimony 2 », dernier solo en date, dans lequel Neal délivrait la suite de son histoire avec une aisance déconcertante. Puis ce fut la sortie du combo live double DVD, triple CD de la tournée, puis, c’était au tour du supergroupe Flying Colors et son superalbum éponyme de réveiller le fan du Morse cette année, suivi de près par « Cover 2 Cover« , album de reprises fun et jolies ; les deux merveilleuses chroniques de ces albums sont disponibles dans ces pages. Mais si, cherchez bien …

« Momentum » arrive en troisième offrande, et là, une nouvelle fois, c’est une débauche d’émerveillement, un chatoiement d’effervescence, une fluorescence de qualités évidentes, si tout cela veut dire quelque chose, et j’en doute. Je reprends mon souffle, ou plutôt mes doigts, et me plonge dans ce chapitre grandiose. S’il faut comparer les albums de notre apôtre musical, pour celui-ci  il faudra se référer à « Lifeline », ultra efficace œuvre du compositeur illuminé. Les 5 premiers titres sont assez courts, entre 4 et 7 minutes, mais comme Neal Morse ne fait jamais rien à moitié, il en mets un 6e de … 33 minutes. Le titre « Momentum » qui ouvre l’album annonce la couleur : ce sera fun, énergique, efficace, à l’Américaine quoi ! Et en effet, ce premier morceau, puissant en diable, accrocheur, met à terre tout le monde, et dès que Neal crie son « Whoooooooooou » légendaire, c’est l’extase ! La batterie de Mike Portnoy, les lignes de basse de Randy George et ce solo de Paul Gilbert, rien dans ce titre ne viendra contredire la suprématie de Neal Morse quand il s’agit d’écrire un morceau pop prog.

« Thoughts Part 5 » lui, prend la suite de … mais attendez. Part 5 ????????? Où est passé Part 4 ???? Et Part 3 alors ???? Et les mecs de Spock’s Beard, ils ont leur mot à dire non ???? Oui, je vous entends, ne criez pas. Alors l’histoire veut que Neal a parlé à son frère Al de ce morceau qu’il voulait intituler « Thoughts Part 3 ». Al lui dit : « Mais Neal, ô frère spirituel (oui, il faut lui parler ainsi …), Spock’s Beard a déjà un morceau qui s’appelle comme ça, et il va sortir dans le prochain album ! » Neal, bien embêté, décida de le nommer Part 5 et de laisser la place à un éventuel Part 4 pour qui voudra. Le titre est bien sûr dans la mouvance des premiers en plus mélodique, mais musicalement énorme ! C’est de la folie ! Je vous laisse le découvrir dans la vidéo… Pour « Smoke And Mirrors », Neal ressort la guitare acoustique et nous balade dans une balade poignante, comme il sait si bien les faire. « Weathering Sky » remet la gomme, mais reste peut-être le morceau le plus faiblard, manquant de diversité et ressemblant de trop à d’autres rengaines déjà entendues auparavant. « Freak » aurait pu figurer sur un album solo pré « Testimony », on y retrouve tout le sens pop symphonique du maître et tout son humour, un titre très réussi.

Enfin, la pièce de résistance, « World Without End » termine l’opus. Décomposée en 6 parties, le morceau suit les canons habituels des autres épics publiés par le passé. D’abord, une intro majestueuse et instrumentale où notre trio nous fout des frissons par tant de virtuosité. Puis, « Never Pass Away » est le passage rock pêchu, inspiré, avec couplets / refrain, aux paroles excellentes. A noter au passage qu’il n’y a qu’un seul « God » et 2 « Jesus » dans tout l’album, et encore employés comme des mots et non des appels à Dieu ! Grand progrès qu’il faut signaler ! Un grand solo lyrique et un passage hard plus tard et on se retrouve dans la troisième partie, « Losing Your Soul », plus heavy et sombre, assez impressionnante de maitrise, avec un énorme solo de guitare, nous conduisant jusque « The Mystery » où là, forcément, on calme le jeu pour retrouver des mélodies plus joyeuses. La transition progressive par excellence qui suit nous éblouit, et on pense inévitablement à Genesis avec ce solo de claviers virevoltant comme un début de « Firth of Fifth ». « Some Kind Of Yesterday » rappelle étonnamment IQ dans la mélodie vocale du refrain, balade imparable qui nous emmène vers un passage jam jouissif, avant de rentrer dans la dernière partie, » Never Pass Away (Reprise) », aux vocaux passionnés. Le morceau avance fièrement vers le soleil couchant, avec reprise du thème principal, solo de claviers, chœurs enflammés, ferveur radiante, mélodies tueuses, guitares multiples sur générique de fin. Pfffiou !! Quel morceau ! Encore une réussite du genre…

Avec « Momentum », Neal Morse enfonce le clou et son talent resplendit de toute part. Alors, rien de nouveau sous le soleil. Oui, mais le brio avec lequel il arrive à composer de tels monstres, l’efficacité et le souffle qu’il insuffle aux morceaux plus directs et l’humilité du bonhomme, suffisent amplement à satisfaire les fans les plus difficiles. Saluons bien bas le Cecil B De Mille du prog  (marque déposée) et même si cet album n’est pas à la hauteur de « ?« , il procure du plaisir instantané. Pas besoin d’un Mars, un CD de Neal et ça repart !

Fred Natuzzi (8/10)

http://www.nealmorse.com/

 

 

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.