Mystery – The World Is A Game

The World Is A Game
Mystery
2012
Unicorn Digital

Mystery – The World Is A Game

Mystery – The World Is A Game

C’est un peu par hasard que j’ai découvert le groupe québécois Mystery, et je serais peut-être complètement passé à côté si Benoît David, son chanteur attitré depuis 2004, n’avait pas intégré le line-up de Yes pour l’enregistrement de Fly From Here, ainsi qu’une longue série de concerts donnés à travers le monde avec la bande à Chris Squire. C’est en effet en m’intéressant de près à la carrière de cet artiste aussi doué qu’attachant que je suis tombé tout récemment sur One Among The Living, l’avant dernier opus du combo. Le coup de cœur fut immédiat dès la première écoute, séduit que je fus par le style néo-progressif à la fois nerveux et symphonique des québécois, tout autant influencés par la musique de Yes pour le lyrisme que celle de Rush pour la complexité et l’énergie.

Benoît David est décidément tout sauf un énième clone vocal de Jon Anderson (avant son aventure avec Yes, Benoît participait à un excellent tribute-band de son dinosaure anglais culte), son timbre flirtant également avec celui d’un Geddy Lee, voir même d’un Trevor Horn ! Cela s’avérait d’ailleurs parfaitement adéquat pour l’enregistrement de Fly From Here, puisque le disque est en quelque-sorte le petit frère du trop souvent mésestimé Drama, sur lequel l’homme à lunette avait lui aussi fait des merveilles ! Autant dire que Benoît David a surtout la voix (on ne peut plus modulable et nuancée) de Benoît David, tout aussi à l’aise dans un registre aérien et délicat, que celui, plus musclé et robuste, qu’exigerait le poste de vocaliste leader dans un groupe de heavy-metal.

J’apprendrai par la suite que cette formation n’est pas née de la dernière pluie, et que The World Is A Game compris, elle a déjà publié 5 albums depuis 1996, alors que le groupe fêtait déjà ses 10 années d’existence. Fondé par Michel Saint-Père (guitares et claviers), toujours aux commandes aujourd’hui, Mystery a depuis lors largement fait évoluer son style, passant d’un rock FM façon Styx ou Asia à une musique beaucoup plus élaborée et ambitieuse, empruntant tout autant à Saga ou Rush qu’à Yes ou Kansas. Chaque ouvrage de Mystery, et principalement les derniers en date, se voit armé d’une production solide et moderne, assurée par son multi-instrumentiste mentor, et, surtout, démontre des influences parfaitement digérées. Avec The World Is A Game, Mystery poursuit dans la droite lignée de son illustre prédécesseur, créant une nouvelle fois l’événement en cette fin 2012 avec ce nouvel album à ranger parmi les plus belles réussites de l’année. Quelques changement de personnels sont à signaler, et pas des moindres, puisque Antoine Fafard du groupe de jazz-rock fusion Spaced Out (le Planet X canadien!) prend le poste de bassiste, alors que Nick D’Virgilio (Spock’s Beard, Big Big Train, etc.) vient remplacer Steve Gagné derrière les fûts. Autant dire que la nouvelle section rythmique de Mystery, c’est encore et toujours du solide !

Après une courte introduction à six cordes acoustique, l’album démarre très fort avec les 11 minutes de « Pride », et son riff clin d’oeil emprunté au « Child In Time » de Deep Purple, avant de passer très vite à autre chose, un titre yessien en diable dominé par de sublimes parties de guitares, tantôt heavy, tantôt doucereuses et mélodiques. De jolies accalmies en formes d’arpèges viennent ponctuer cette fresque vibrante d’émotions qui ne cesse de monter crescendo, évoquant dans son ensemble les fastes du meilleur Iluvatar, excellent groupe néo-prog américain qui n’a plus donné signe de vie depuis la fin des années 90. Tout comme le fleuve « Another Day » qui boucle le voyage, peu avare en breaks, ambiances et mélodies, et dans lequel Nick D’Virgilio nous montre tout le génie, la finesse extrême et la volubilité de son jeu percussif, ce premier épic ravira forcément les amateurs de rock progressif les plus exigeants. Les titres plus courts n’auront pas à rougir de la comparaison, et le disque se déguste comme un tout homogène en terme qualitatif, constituant ainsi une véritable pyramide de sensations et d’émois sans cesse renouvelés chez l’auditeur.

Entre la superbe ballade mélodique intitulée « Superstar », le final anthologique du titre éponyme (avec un Benoît David plus emphatique que jamais), ou encore la magnificience de « Dear Someone » et « Times Goes By », ex-aequo en terme de majesté et d’impact, rien n’est à jeter ou ne fait de l’ombre à l’ensemble, chatoyant et passionnant d’un bout à l’autre. En bref, Michel Saint-Père, décidément aussi brillant derrière ses instruments qu’aux postes de producteur et principal compositeur, démontre une nouvelle fois à quel point Mystery fait désormais partie du haut du panier des groupes de rock progressif toutes tendances confondues. Avis aux amateurs, un disque et un groupe à ne surtout PLUS rater !

Philippe Vallin

http://www.unicorndigital.com/mystery/

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