Museo Rosenbach – Zarathustra : Live In Studio

Zarathustra : Live In Studio
Museo Rosenbach
2012
Immagnifica

Museo Rosenbach – Zarathustra Live In Studio

Formé dès 1971 à l’initiative du bassiste et claviériste prodige Alberto Moreno, Museo Rosenbach (dont le patronyme est un hommage à l’éditeur allemand Otto Rosenbach) écrit son premier album l’année suivante, avec une facilité et une inspiration confondantes. Le LP original sorti sur l’obscur label Ricordi (qui abrite aussi les grosses référence du genre que sont Il Baletto Di Bronzo ou Biglietto Per L’Inferno) en avril 1973 s’impose, d’entrée de jeu, comme un chef d’œuvre du progressif transalpin, à l’image du PFM de « Storia Di Un Minuto » ou du Banco de « Come In Un’ultima Cena ». Il faut dire qu’il s’agit d’un ambitieux concept album inspiré des travaux du philosophe Friedrich Nietzche et, en particulier, de son fameux traité « Ainsi Parlait Zarathoustra », ce qui créera une certaine polémique car cet écrit, qui exalte l’idée d’un homme parfait (« L’Ultimo Uomo »), flirte avec certaines thèses répugnantes chères à l’extrême droite.

Les musiciens, dont on ne connait rien de leur ancrage politique, s’en moquent éperdument et nous régalent d’une musique exceptionnelle, à la fois complexe et évidente. Multipliant les breaks et les parties de claviers délurées, sur l’ombre desquelles plane un mellotron omniprésent et une guitare très heavy pour l’époque, la formation nous offre trois morceaux indépendants de fort belle facture (« Intro/De’ll Eterno Interno », « Degli Uomini » et « Della Natura ») mais surtout une pièce épique de 22’20 baptisée « Zarathustra » dont les contrastes et les crescendos mélodramatiques laissent littéralement l’auditeur sur le cul. Certains la compareront au « Supper’s Ready » de Genesis de manière tout à fait indue. Nos ritals préférés ont en effet une personnalité beaucoup plus tourmentée que leurs homologues anglais et sonnent surtout de manière bien plus agressive.

Tout serait parfait dans le meilleur des mondes, n’eût été une production un tantinet médiocre qui peut altérer malheureusement le plaisir d’écoute. Après une première tentative de reformation en 2000, avec la publication d’un opus médiocre, intitulé « Exit » (qui mérite le détour pour mieux être évité ! ) puis la composition, deux années plus tard, d’un morceau épique pour une compilation internationale baptisée « Kalevala », Museo Rosenbach retombe dans la torpeur avant que son leader Alberto Moreno décide, avec l’aide du charismatique chanteur Stefano Galifi, du batteur Giancarlo Gozi, et de nouveaux comparses de grand talent (deux guitaristes, un bassiste et un claviériste additionnel), de donner une salvatrice cure de jouvence à son œuvre magique.

Enregistrée live en studio, cette cuvée 2012 reprend le fond de l’œuvre initiale tout en métamorphosant littéralement sa forme (production nickel chrome, interprétation splendide) et s’attire ainsi l’engouement de l’écurie de PFM, Immagnifica. L’agencement des morceaux n’est plus du tout le même, et on retrouve ici par exemple notre épique suite « Zarathustra » en fin d’album, en climax explosif fort bienvenu. Un choix tout à fait judicieux donc, très bénéfique à l’équilibre et à la progression musicale de ce master opus. Côté écriture et arrangements, rien n’a changé ou presque, même si les versions proposées ici sont parfois plus longues que les originales de quelques secondes, voire de courtes minutes, avec de subtiles et éparses variations (« De’ll Eterno Interno » se voit par exemple affublé d’une introduction instrumentale inédite). Au niveau vocal, Stefano Galifi s’en sort avec tous les honneurs, aussi expressif, lyrique et viril que par le passé, exception faite du tout début de notre monumental « Zarathustra », où il fait monter la sauce en passant crescendo d’une voix délicatement suave à un chant furieusement incandescent.

On ne peut que s’incliner devant le résultat final, magnifique, et saluer l’opiniâtreté de Monsieur Moreno, qui re-booste son ouvrage original grâce à cette interprétation « live en studio » enregistrée et mixée de main de maître, sans en trahir l’ambiance et l’essence typiquement seventies. Un véritable tour de force, et un classique à (re)découvrir d’urgence !

Bertrand Pourcheron & Philippe Vallin (9,5/10)

http://en.wikipedia.org/wiki/Museo_Rosenbach

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