Morte Macabre – Symphonic Holocaust
Morte Macabre
Mellotronen/Musea
Certains diront que je n’aime pas, voir que j’excècre au plus profond de mon être le rock progressif, au grand désarroi de notre rédac-chef et d’autres. Argh… Non…ne tapez pas… Je ne le ferai plus… Promis… Les goûts, les couleurs, hein… bon, vous savez… Mais les styles aussi sont dans la nature, et ils sont nombreux au portillon. Cependant, au fin fond de ma crypte retapée récemment dans les abysses des grottes de Gargas, j’ai l’objet dont nous parlons bien souvent tous les deux avec notre grand manitou « Gollumesque ». Un album de rock progressif qui m’a fait changer mes vêtements à plus d’une occasion, et elles sont nombreuses. Un disque qui sent bon le mellotron, le Moog, les années 70, l’ambiance crépusculaire et l’hommage cinématographique aux séries B de toute une jeunesse. Un album aussi qui ne prend pas souvent la poussière pour revenir souvent, encore et encore, dans mon mange-disque. Entendu, écouté et réécouté. Ainsi est la vie de « Symphonic Holocaust », unique album de Morte Macabre, projet réunissant membres des groupes scandinaves Anekdoten et Landberk.
Album fort, suscitant frissons savoureux et plaisir d’écoute immédiat, voilà le prototype du disque concept qui provoque un raz-de-marée d’adhésions. Pensez donc ! Reprendre sous une forme instrumentale les « grands » airs de ces films d’épouvante, gore et autres giallis, il n’en faut pas plus pour rabattre le geek de base et ressortir ses VHS et DVD du placard. Allez, on perd un peu de l’ambiance sans ces musiques, avouez. Ainsi les cinéphiles reconnaîtront le thème délicieusement macabre de Frayeurs de Lucio Fulci, la tension d’une reprise de Goblin, la ritournelle entêtante de Rosemary’s Baby (vous savez : « lalala la lala la la la lalalalaaaa… ») où l’ouverture du mondo craspec de Cannibal Holocaust et ses notes de guitares sèches sur fond de mellotron sibyllin. Mais le plus important, ce n’est finalement pas ça, un peu facile de s’arrêter là. Déjà, la production nous projette dans les années 70, atmosphérique donc, l’interprétation est au top, avec un p’tit quelque chose de King Crimson et cette ambiance…
Ah cette moiteur, cette impression de déambuler au milieu d’un brouillard qui enserre les chevilles, ce côté daté qui paradoxalement ne le fait pas (je me comprends). Autant de gorges tranchées et d’empilements de tripes et de crânes dans une atmosphère ésotérique et non moins mélancolique. Bah oui, c’est beau tout ça, rendre l’horreur attirante sans passer par la case trip nostalgique, mais quand même (je me comprends). Et, en plus, quand on se pait le luxe de finir sur une impro dépassant le quart d’heure, on touche à cette extase jazz-rock qui dépote pour le plaisir des petits et grands.
« Symphonic Holocaust » arrive à remettre au goût du jour, et avec respect s’il vous plaît, ces passages de musiques cinématographiques dorénavant disparus sous une forme accrocheuse, sombre et psychédélique en diable, nom d’un cureton ! Et putain que c’est bon de se perdre entre Catriona McColl, Mia Farrow et leurs tortionnaires.
Jérémy Urbain (8,5/10)