Mike Oldfield – Man On The Rocks

Man On The Rocks
Mike Oldfield
2014
Virgin

Mike Oldfield – Man On The Rocks

Qu’est-ce qui t’arrive Mike ? Pourquoi t’obstiner à flinguer artistiquement ce qu’il te reste de carrière ? Mais pourquoi « Man On The Rocks » ? Pour t’excuser de cette merde inécoutable de « Tubular Beat » commise l’année dernière, et avec laquelle tu as même réussi à faire vomir les fans de techno les moins exigeants ? C’était vraiment pas la peine mec, car tu as sacrément raté ton coup. Pourquoi tant de haine envers ton public et, pire encore, envers ton propre talent qui jadis imposait un silencieux respect ? Qu’est-ce qui t’arrive Mike ? Où est passée la créativité sans limite du jeune homme multi-intrumentiste qui, dans les années 70, enquillait les chefs-d’œuvre, du référentiel « Tubular Bells » au sous-estimé (mais pourtant génial) « Platinum », en passant par l’indétrônable « Ommadawn », comptant très certainement parmi mes dix disques préférés de tous les temps ? Qu’est devenue ta patte sans égale qui a fait école auprès de musiciens de la planète entière ? Où sont passés la folie et l’audace qui t’animaient ? Ce feeling unique qui nous faisaient vibrer au moins autant que les cordes de tes nombreuses guitares, pratiquées comme personne, et avec un son reconnaissable entre tous ? Qu’est-ce qui t’arrive Mike ?

Toi, l’artiste qui a su traverser les années 80 sans te gaufrer comme la plupart de tes dinosaures de congénères, en adaptant ton style à l’époque (« Five Miles Out », « Crises », encore des bombes !) et en persistant au sommet du qualitatif, même dans les formats les plus calibrés ? Y-aura-t-il dans ton nouvel album des hymnes pop aussi intemporels que « Moonlight Shadow » ou « To France » ? Permets moi d’en douter. Que reste-t-il aujourd’hui du Mike Oldfield qui, après une courte période d’errance (avec un « Earth Moving » de sinistre mémoire en point d’orgue, j’en pleure encore), nous pondait en 1990 l’ovni « Amarok », véritable tour de force artistique aussi génial et couillu que virtuose dans sa conception ? Celui qui, deux ans plus tard, enfantait un prolongement intéressant à son « Tubular Bells » avec un remarquable second chapitre, plus « moderne » (produit par Trevor Horn), avant d’en exploiter jusqu’à écœurement le concept glorieux, d’album médiocre en disque insipide (« Tubular Bells 3 », « The Millenium Bell »), sans compter l’inutile réinterprétation note pour note de 2003 ? Nous prendrais-tu pour des cloches Mike ?

Certes, depuis les années 90, on portera à ton crédit le très beau « Songs From The Distant Earth », fresque science-fictionnelle ethno-planante qui continuait à côtoyer les sommets en surfant habilement sur la vague électronique (voire New-Age), mais sans jamais s’y noyer. N’oublions pas non plus le chouette exercice de style incarné par « Guitars » (1999), qui contenait encore quelques belles perles du maître (oui Mike ! Je t’appelle encore comme ça aujourd’hui malgré toutes tes conneries !). Mais après ? « Tres Lunas », « Light + Shade », « Music Of The Spheres » : de quoi s’agit-il à part de soupes imbuvables, anachroniques, kitsch à souhait et indignes du compositeur visionnaire que tu as été ? Qu’est-ce qui t’arrive Mike ?

Quand je pense que beaucoup de tes fans attendaient ton grand retour avec ce « Man On The Rocks » au titre prometteur. Que nenni ! A la place, on se retrouve entre les mains avec un disque « brit-pop » d’une banalité consternante, qui aurait pu être l’œuvre de n’importe quel tâcheron, et dont on s’inflige les onze ritournelles en soupirant tristement. Pour faire un grand album (même un « bon », car on n’en demandait pas tant), il ne suffit pas de s’entourer de musiciens ayant collaboré avec Phil Collins, Crosby, Stills & Nash, Michael Jackson ou Eric Clapton, sinon ça se saurait mec. Le comble aurait été que tu te remettes à chanter tiens ! (« Heaven’s Open », rappelez-vous, aïe aïe…) Dans ce registre, heureusement que le poseur Luke Spiller s’en sort bien mieux que toi. Tu aurais pu choisir Ray Wilson aussi, mais à quoi bon ?

Pareil pour la guitare : c’est quoi ces soli gentillets (« Man On The Rocks », « Nuclear ») à la portée de n’importe quel musicien de studio blasé ? Laisse donc ça aux David Gilmour de pacotille s’il te plait, car ce genre de plans, on en a marre ! On en est overdosés ! « Man On The Rocks », quel gaspillage de temps, d’énergie, de talent, quelle ironie aussi. Tu sais quoi Mike ? Je n’ai même plus envie d’en parler de ton disque, alors je vais m’arrêter là et me consacrer à autre chose de plus motivant.

Arrête-toi aussi Mike, please, où alors ponds nous un VRAI truc qui en jette et tire ta révérence comme il se doit. A la base, tu es un génie mec, un vrai et, comme beaucoup de fans, j’ai une considération sans limite pour toi et pour tout ce que tu nous as donné durant des décennies. Alors, par pitié, ne laisse pas trainer derrière toi l’image d’un has-been vidé de toute substance, ça en devient pathétique. Bon sang, mais qu’est-ce qui t’es arrivé Mike ?

Philippe Vallin (2/10)

http://mikeoldfieldofficial.com/

5 commentaires

  • Tioub

    Et pourtant cet album n’est pas si mauvais…moi je le trouve sympa.

    Un album populaire loin d’Ommadawn, mais des mélodies accrocheuses bien

    produites. En tout cas oubliés les « light and shade », « millenium » et consort.

    Pour moi cet album est une bonne surprise que j’écoute en boucle.

    On verra avec le temps.

  • Philippe Vallin

    Mouais.. Je ne suis pas du tout convaincu, et je pense que cet album est plus une commande de maison de disques qu’un vrai projet artistique. Oldfield fait d’ailleurs office de figurant dans le
    clip du 1er single en grattant ses accords à côté d’un jeune poseur, c’est assez pathétique. Aussi, en matière de pop anglaise, il y a tellement mieux que ça. Mais bon, c’est signé Mike Oldfield,
    alors…. Je persiste et je signe, ce disque n’est qu’un vague divertissement sans âme et sans tripe qui finira aux oubliettes.

  • « Pour t’excuser
    de cette merde inécoutable de « Tubular Beat » commise l’année dernière, »

    Je suis
    d’accord… uniquement sur cette phrase. Ce n’est pas parce qu’il n’a pas fait ce que certains fans attendaient que c’est mauvais. Je trouve même que très bon et j’entends de nouvelles choses à
    chaque écoute, ce qui est habituel sur ses compositions. D’ailleurs je ne rejoindrai jamais quelqu’un qui « descend » ce qu’il a aimé. Traiter d’insipides, d’imbuvables, de soupes d’autres albums
    est inadmissible. Soit tu te mets à la composition, tu fais mieux et on en parle, soit tu t’abstiens. Ensuite tu ne l’appelle pas « mec », Mike c’est déjà suffisament familier, un peu de respect
    aux autres pour être respecté soi-même !

  • Bonjour Pierre

    Eh oui, je commence toujours par un petit « bonjour », surtout quand je m’adresse à
    quelqu’un qui me fait la leçon de morale sur mon soi-disant manque de respect d’autrui.

    Alors, quoi te dire ? Quoi répondre à ta jolie missive ?

    Il serait donc « inadmissible » que de qualifie de « soupes insipides » ou «
    imbuvables » des disques que j’estime être très mauvais ? (du genre « Tubular Beat », que tu es d’accord – jolie contradiction Pierre ! – pour appeler « merde inécoutable » toi aussi ??? ),
    allons bon !

    Explications :

    Je joue là mon rôle de critique.
    Donc premièrement, j’écris ce que je veux (que cela plaise aux lecteurs ou non), et secundo, je persiste et je signe en ce qui concerne la majorité des albums de Mike Oldfield produits ces
    dernières années.

    Aussi, je ne souhaite nullement que le musicien en question « ponde » ce que
    j’attends de lui en tant qu’amateur du bonhomme (c’est bien mal me connaître, et je réserve cette attitude puérile aux fans purs et durs de rock progressif qui ne supportent pas le changement, et
    qui sont complètement paumés dès qu’on leur enlève leurs repères (c’est assez paradoxal d’ailleurs dans cette famille musicale, sensée explorer et aller de l’avant !). J’attends en revanche qu’un
    artiste avec autant de potentiel que Mike Oldfield réalise un projet « artistique » justement, et non le simple produit mercantile et contractuel voulu par sa maison de disques (qui lui
    rapportera peut être un peu plus de fric, c’est sûr). Et «Man on The Rocks » n’est rien d’autre que ça ! Il faut vraiment être un gogo pour ne pas s’en rendre compte.

    Tu dis que tu ne rejoindras jamais quelqu’un qui descend ce qu’il a aimé.  Te
    rends-tu comptes de l’énormité de ce que tu avances là ? (à moins de faire partie d’une secte, de ne jurer que par la pensée unique, ou d’avoir perdu tout esprit critique face à tes « gourous »
    en matière musicale). 

    Je « descends » cet album justement car j’ai beaucoup d’admiration pour son géniteur,
    dont je trouve la fin de carrière pathétique (à l’instar d’un Yes, devenu aujourd’hui son propre « tribute band », ou d’un Tangerine Dream, groupe passé de précurseur et génial à opportuniste et
    lamentable sur le plan créatif, en enquillant depuis 30 ans des albums « m’as-tu-vu », complètement has-been et sans aucune âme).

    Je suis complètement dingue de Marillion par exemple, et ce depuis le début ou
    presque. Le jour ou le groupe sortira ce que j’estime être une bouse, je le flinguerai de la même manière, voire pire. Sinon, à quoi ça sert d’écrire des chroniques ? Clair & Obscur est un
    webzine, pas le fan club de Marillion ou de Mike Oldfield. Tu saisis la nuance ou je te réexplique ?

    Ah oui, si je te suis bien aussi, il faudrait être musicien pour distinguer ce qui
    est bon ou pas en la matière ? (notion toute subjective, bien entendu). Là encore, tu dérailles sec mon cher Pierre. Cet argument est irrecevable. En plus, pas de chance pour toi, mais justement,
    je suis musicien (qui n’a pas la prétention d’arriver à la plante des pieds de Mike, qu’on soit clairs là encore). Sauf que je suis mélomane avant tout, et que je sais un minimum de quoi je parle
    en la matière.

    Enfin, pour l’appellation familière « Mec », si tu associes cela à un manque de
    respect, c’est que tu n’as décidément rien compris au ton et à la nature (volontairement provoc) de mon texte, écrit d’une traite, comme un coup de gueule. 

    Voilà, je pense avoir tout dit suite à ton gentil message qui appelait forcément
    réponse.

    Tu aimes l’album ? Tant mieux pour toi. Après tout, tous les « dégouts » sont dans la
    nature 😉

    Allez, salut mec, et j’espère à une prochaine !

    Musicalement,

    Philippe

  • Je suis d’accord et même sans doute un peu moins indulgent sur le tournant des années 80/90…
    http://monhistoiredurock.blogspot.com/2014/01/mike-oldfield-tubular-bells.html

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