Marillion & The Positive Light – Tales From An Engine Room

Tales From An Engine Room
Marillion & The Positive Light 
1998
BMG

Marillion & The Positive Light – Tales From An Engine Room

Publié initialement en en 1998 et réédité à plusieurs reprises avec des pochettes hideuses et totalement anachroniques (sur l’une, on reprend un visuel de « Marbles », sur l’autre, une photo du groupe d’Aylesbury avec Fish, allons-y gaiement !), « Tales From An Engine Room » est une vraie curiosité. Il s’agit en effet d’un projet d’album remixé à la sauce techno, en l’occurrence l’excellent et respecté « This Strange Engine » de Marillion paru un an plus tôt. A la base, cet objet, dont l’illustration originale ressemble curieusement à celle de « Sounds That Can Be Made » qui sort en septembre prochain, était initialement destiné à n’être distribué que via le fan-club des anglais sur le label Racket Records. Aujourd’hui disponible partout et à prix modique sous diverses formes parfois bien excentriques, l’objet risque de surprendre dans sa forme et son contenu, en reprenant un peu le même concept artistique que le très réussi « You Remixed » de Gong, où le plus célèbre album du groupe de rock psychédélique se voyait déconstruit puis remodelé par The Orb, Youth, The Shamen ou encore System 7 (qui n’est autre que le couple Steve Hillage et Miquette Giraudy). Il s’agit en effet d’un album entièrement revisité par The Positive Light, un autre duo de musiciens et de remixeurs qui se fera encore remarquer un peu plus tard dans les cercles progressifs en accouchant avec Fish du monumental « Plague Of Ghosts », sur le non moins formidable « Raingods With Zippos » (1999), sûrement l’oeuvre musicale la plus aboutie du géant écossais.

Ici, Marc Mitchell et Mark Daghorn, alias The Positive Light, remodèlent « This Strange Engine » à grand coups de bidouillages électroniques, transformant ce classique du rock prog en un long trip ambient-techno digne de figurer dans une after-trance de rave party. Mais comment cela sonne-t-il exactement dans nos platines ? Pas de panique, même si la démarche peut engendrer de la réticence, voir des critiques hostiles de la part des fans de Marillion (mais pas que), l’ensemble est plutôt bien fait et ne trahi jamais l’esprit de l’album original. Steve Hogarth et sa bande ont dû bien apprécier le résultat, puisque ces « Tales » électroniques étaient diffusées avant leur entrée en scène, à l’occasion d’une de leur tournée de cette fin des années 90. Le son du CD est impressionnant, avec un soin de production et de réalisation très professionnel, et hormis quelques passages un peu trops binaires et susceptibles de provoquer des allergies à certains puristes, il y a vraiment de très beaux moments sur l’album. Citons par exemple le planant « Estonia », la perle de cet excercice de style, avec ses nappes majestueuses et ses magnifiques parties vocales, ainsi que le titre fleuve « This Strange Engine » affublé de parties dub grondantes, et qui voit sa progression tordue et sophistiquée respectée. Au sein de cette profusion d’accords synthétiques et rythmes modernes, on reconnaîtra ici et là des samples de guitares de Steve Rothery, d’autres provenant des sons de claviers signés Mark Kelly, histoire de rappeler c’est bien de Marillion dont il s’agit encore ici !

Bien évidemment, rien d’authentiquement rock dans tout cela, il s’agit avant tout d’un disque d’electro atmosphérique qui sait aussi se montrer très rythmé par moment. A l’écoute de ce CD, certain crieront certainement au sacrilège, mais d’autres trouveront l’initiative respectable et tout à fait digne d’intérêt sur le plan de la démarche artistique, simple question de goût. Ce qui est sûr, c’est que cet album a été réalisé avec soin et respect de l’oeuvre originale. Une relecture certes pas transcendante, mais bien agréable quand même.

Philippe Vallin (6/10)

  http://www.marillion.com/

3 commentaires

  • Bien belle chronique que je partage entièrement. Merci

    Amicalement,

    Bruno (un fan de 84 qui a su apprècier l’évolution musicale de Marillion et de Fish)

  • Clair & Obscur Webzine

    Salut Bruno ! Merci pour le com, ça fait plaisir. Perso, j’ai vraiment découvert Marillion à l’époque de Seasond’s end, mais je me suis bien rattrappé depuis avec les disques anterieurs, et je
    suis plus que jamais fan du groupe. Vivement le nouveau en septembre ! 😉

    A bientôt !

    Musicalement,

    Philippe

  • Mes couilles

    Je te fais photocopier demain une interview de The Positive Light (4 ou 5 pages je crois).

    Belzebuth 666

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