Maneige – Libre Service
Maneige
Progquébec
« Libre-Service » est souvent considéré comme un des deux albums majeurs de ce groupe québécois, avec « Ni Vent, Ni Nouvelle ». Il a été réédité en 1990 mais était épuisé et Progquébec nous a donné, en 2007, l’opportunité de le redécouvrir. Initialement paru en 1978, il est assez caractéristique du talent d’un des groupes les plus renommés du Québec, talent qui les conduit à réinventer en permanence leur musique. Il se trouvera sans doute des intégristes pour dire que « ce n’est pas du prog ». Et alors ? Les morceaux sont globalement courts, sans digression virtuose et la rythmique penche souvent vers des colorations latines. A cette aune, les ayatollahs progressifs ne sauveront de l’album que « La Noce » dont les sept minutes, la flute aérienne et la pureté mélodique évoquent Camel, tout comme l’ampleur mélodique et orchestrale du titre final « Miro Vibro ». La flute d’Alain Bergeron, omniprésente sur le CD n’en est pas le seul charme loin de là. « Libre-Service » offre une musique d’une grand légèreté, qui donne la part belle au xylophone par exemple, au piano parfois, et plus généralement à des arrangements aériens et à des rythmes enlevés. Ceux-ci s’échappent souvent vers des ambiances latines, donnant du coup à la musique de Maneige un curieux air de « fusion Canterbury ». Mais l’essentiel est dans le dynamisme de cette musique, dans sa subtilité permanente, la façon qu’a la formation de faire évoluer en permanence ses rythmiques et ses mélodies à l’intérieur même d’un cadre resserré de cinq minutes. C’est là précisément qu’est le talent de Maneige, dans ce refus d’insister sur les idées et d’en rajouter. C’est un combo qui fait confiance à l’intelligence musicale de ses auditeurs et c’est bien agréable. A noter la présence de trois morceaux bonus, enregistrés en public, et qui rendent justice aux qualités d’interprètes de ces musiciens, rigoureux, précis et dynamiques. Un bien beau « trésor de brocante » !
Bertrand Pourcheron et Philippe Arnaud (8/10)