Lyle Lovett – 12th Of June

12th Of June
Lyle Lovett
Verve Records
2022
Fred Natuzzi

Lyle Lovett – 12th Of June

Lyle Lovett 12th Of June

Pour moi, Lyle Lovett est un modèle dans le genre country. Acteur à ses débuts, il a continué à apparaître ici ou là dans des films des années 90, mais il s’est consacré à ce qu’il fait de mieux : de la musique. Alors quand on le regarde, le Texan a tout du chanteur country classique : l’accent, le jean, les boots et le chapeau qui va avec. Mais ce serait dommage de s’arrêter là, car Lyle n’a pas son pareil pour nous offrir des chansons non seulement country mais aussi folk, jazz et gospel. Et quand il s’entoure de son « large band », c’est carrément la fête. Il est adepte des reprises, forcément. Mais pas n’importe lesquelles. Cela va du standard de jazz au folk de Townes Van Zandt (auquel il a carrément consacré un double album, l’excellent Step Inside This House en 1998) en passant par des classiques country (« Stand By Your Man » par exemple). Mais quand il écrit, ses chansons peuvent être mélancoliques ou franchement drôles. Lyle Lovett n’est pas le genre à se prendre la tête, c’est un entertainer au sens le plus noble du terme. En live, il est là pour faire passer un bon moment aux gens avec de la bonne musique. Il a un capital sympathie énorme Lyle et il a enchaîné les albums, surtout dans les années 80 et 90. Après Release Me en 2012, plus rien bizarrement. Il a donc fallu attendre dix ans pour voir sortir son douzième album intitulé 12th Of June.

Alors, à quoi s’attendre pour ce nouvel opus ? C’est là où le bât blesse car Lyle n’a pas choisi de camp. Il l’admet d’ailleurs bien volontiers, 12th Of June essaye de toucher finalement de nouveaux fans, tout en contentant ceux qui le suivent depuis plus de trente ans. On a donc un mélange de tous ses styles, avec des reprises et des morceaux originaux, du big band jazz au folk country. Un peu déçu forcément, car l’ensemble aurait mérité plus de consistance, mais quand on sort un album aussi longtemps après, l’inspiration peine peut être à poindre le bout de son nez. Par contre, Lyle Lovett n’est pas rouillé du tout ! Tout fonctionne à merveille et on a peine à croire que tant d’années se sont écoulées depuis Release Me. C’est peut-être une des qualités du chanteur texan : être un repère intemporel, une figure de la country américaine à laquelle on peut se raccrocher à n’importe quel moment.

Lyle Lovett 12th Of June Band 1

« Cookin’ At The Continental » ouvre l’album en fanfare, enfin en large band plutôt ! Un jazz instrumental comme Lyle Lovett les affectionne, la grande classe ! Puis on retrouve l’humour caractéristique du chanteur avec « Pants Are Overrated » qui nous ramène un peu à l’époque de I Love Everybody (1994). Le port du sous-vêtement est donc interrogé par Lyle en prenant pour exemple… les écossais entre autres ! L’excellente chanteuse Francine Reed rejoint Lyle pour trois reprises de jazz, « Straighten Up And Fly Right », « Gee, Baby, Ain’t I Good To You » et « Peel Me A Grape ». La première swingue et virevolte et nous provient du grand Nat King Cole, la seconde déploie classe et humour et vous fait vous sentir comme si vous étiez dans un bar du sud des États-Unis à siroter un bon whisky ; quant à la troisième, déjà reprise par Diana Krall, elle possède du charme et de l’esprit, toujours délivrés avec grande intelligence.

La seconde partie du disque commence ensuite, car on change totalement d’univers puisque l’on retrouve la country plus traditionnelle. « Her Loving Man » charme par son sujet tendre, l’amour entre deux êtres où l’homme sait que quoi qu’il arrive, c’est la femme qui sait tout et qui mène la barque. « 12th Of June » fait référence à la naissance des jumeaux de Lyle qui ont maintenant cinq ans. Une chanson où il se pose et fait un tendre constat avec ses enfants dans sa vie. « Pig Meat Man » ne réjouira pas les végans, car Lyle y revendique son amour du bacon. Une chanson qui montre aussi qu’on peut utiliser le saxophone d’une manière surprenante à l’intérieur d’un morceau avec orgue et guitares. Retour à une folk country plus classique avec un «  The Mocking Ones » réussi avant « Are We Dancing » qui, pour sa part, retourne au jazz. Cette fois-ci, on se croirait dans une vieille comédie musicale avec cordes et piano un peu sirupeux. Enfin, «  On A Winter’s Morning » clôture l’opus avec un titre hybride. On croit que c’est du jazz, mais en fin de compte c’est de la country avec un feeling qui tire vers la Nouvelle-Orléans et c’est toujours très agréable.

Lyle Lovett 12th Of June Band 2

Agréable, c’est peut-être le mot qui résumera 12th Of June. Pas péjoratif ce substantif, mais pas non plus un beau compliment. Pour les fans, l’album représente ce que Lyle sait faire, à savoir de bonnes chansons tendres, avec de l’humour et de l’intelligence, armées d’un groupe de haut niveau, très classe et très propre. Pourtant, rien de nouveau sous le soleil texan. Pour ceux qui le découvrent, c’est une belle porte d’entrée vers un chanteur country un peu à part mais qui fédère par son côté indépendant. Il répond aux carcans de ce type de musique mais pas que. Il utilise et ouvre sa musique à toutes sortes de styles et c’est plutôt réjouissant. Ne boudons donc pas ce 12th Of June et prenons-le tel qu’il se veut : fun, classe et … agréable !

https://www.lylelovett.com

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