Lucio Manca – An Old Man’s Sad Story

An Old Man’s Sad Story
Lucio Manca
Autoproduction
2016

Lucio Manca – An Old Man’s Sad Story

Lucio Manca - An Old Man's Sad Story

Lucio Manca, je le suis depuis ma découverte du groupe de doom Exorcism, et l’album I Am God, sorti en 2014, puis l’EP World in Sin (2015). J’ai donc fait une séance de rattrapage ensuite, avec son premier album solo, paru en 2013 : Everybody Needs An Angel. Et puis, en découvrant les premières vidéos du petit dernier (notamment « Glorja »), dont nous vous avons parlé dans les colonnes de Clair & Obscur, il devenait évident que j’allais le chroniquer. Lucio Manca est un de ces jeunes bassistes (il va avoir 30 ans en mars) dont l’Italie sait nous faire cadeau, à l’instar d’un Alberto Rigoni. Si Lucio a des références très métal avec des groupes comme Exorcism (et sa musique proche de Dio ou Black Sabbath) ou Raven Lord (ses deux groupes avec le monstrueux guitariste Joe Stump), notre Sarde sait également se transformer en mélodiste et taquiner d’autres instruments (claviers, guitares, chant et batterie). Néanmoins, pour An Old Man’s Sad Story, il a fait appel sur 12 des 14 titres à son complice Garry King, batteur accompli, vivant et travaillant en France, et aux excellentes références (Joe Lynn Turner, Jeff Beck, Achillea, Exorcism…). Fort d’une expérience de studio et de scène impressionnante pour un musicien finalement peu connu dans l’Hexagone – et ce dans une foultitude de genres qui comprennent également du rap et du reggae –, Lucio Manca déploie maintenant ses capacités de compositeur et d’instrumentiste à des fins plus personnelles, développant un style instrumental d’excellente facture et des thèmes inspirés.

Lucio Manca

Ainsi, ce nouvel album propose des titres relativement courts, allant de 1:00 à 5:23. Moins violente que celle de certains des groupes au sein desquels il peut évoluer, la musique n’en reste pas moins sérieusement métallique et nous permet de découvrir un chanteur (« Mottusugoru », « Servo Del Rimpianto », « Sorrow ») proche d’un growl qui reste cependant audible à mes oreilles peu amènes avec ce style de chant. Si les parties de claviers et de guitares ne sont pas d’une complexité infinie, elles développent néanmoins de belles lignes (« Out Of Control » par exemple) et un soutien indéfectible à ce qui constitue l’essence même de la musique de Lucio Manca : les compositions rythmiques et mélodiques de la paire basse-batterie (« Strange People Everywhere », « Wind Noize », « As A Friend »), voire de la basse seule (la magnifique ligne de « No Escape », le court et impressionnant « Human Too Human », le répétitif, doux puis violent « An Old Man’s Sad Story », « Never »). L’ambiance générale est plutôt sombre, à l’instar de la magnifique pochette réalisée par Natalia Ghiani, visiblement inspirée par Lovecraft et le monde de Cthulhu. La variété des titres et des ambiances permet de ne pas sortir de l’écoute de l’album, ce qui est parfois le reproche que l’on peut faire à ce style de disques essentiellement instrumentaux. Que nenni avec An Old Man’s Sad Story !

Voilà donc un album bien produit, proposé par un musicien doué qui, sous couvert d’une musique plutôt musclée, parvient à nous présenter des variations et des ambiances modernes qui s’éloignent des clichés d’un genre post-rock instrumental parfois peu inspiré. L’opus se conclut même avec des titres plus calmes (« How Long », le mélancolique « Glorja ») qui laissent la part belle à l’instrument de prédilection de Lucio Manca, la basse, dont il s’avère être un maestro qu’il convient de suivre, tellement la richesse et l’inventivité de son jeu sont plaisantes. Oui, An Old Man’s Sad Story est un album de bassiste, mais de ces disques où l’instrument et la qualité de l’instrumentiste sont au service du développement d’idées mélodiques et rythmiques et non d’une seule technicité quelque peu revancharde ! A recommander aux amoureux de l’instrument, aux métalleux curieux, aux progheads ouverts d’esprit, à celles et ceux qui aiment les airs instrumentaux et les inspirations diverses.

Henri Vaugrand

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