Live Report – Wishbone Ash à La Parenthèse (Ballan-Miré 37)

Live Report – Wishbone Ash à La Parenthèse (Ballan-Miré 37)
2018

Live Report – Wishbone Ash à La Parenthèse (Ballan-Miré 37)

Wishbone Ash La parenthèse

Attention : Légende ! Quarante-neuf ans qu’il arpente inlassablement les scènes du monde entier avec son mythique Wishbone Ash. Et voilà qu’Andy Powell débarque à deux pas de chez moi, l’occasion de me replonger délicieusement sur les fonts baptismaux des soli de twin guitars à la tierce. Andy aime à raconter qu’ils lui furent inspirés par les cuivres d’un groupe de rhythm and blues de ses débuts.

C’est qu’avec ses trois acolytes formant un line-up stable depuis 2007, le « so British » Andy a fait le plein comme sur les dates précédentes d’une tournée interminable tellement on ne se lasse pas de l’inclassable Wishbone Ash, un groupe qui a fait du hard, du rock progressif, du blues, du rock & roll, du pop-rock et tout ça réuni dans un melting pot musical hors catégorie.

Dès le début, le décor est planté avec l’instrumental « Bonafide » pratiquement constitué entièrement de twin. On a l’impression que les premiers titres sont là pour la chauffe avec un groupe bien en place et sagement regroupé autour de Joe Crabtree, son batteur, aussi discret visuellement que phoniquement… mais par pour longtemps.

Le très pop-rock « Way Down South » fait figure d’OVNI car unique rescapé du dernier album du groupe. À part celui-ci, aucun morceau joué ce soir n’aura moins de douze ans d’âge. C’est l’occasion aussi pour Andy de dégainer sa célèbre « Flying V » (dont il est tombé amoureux tout jeune après avoir vu une photo d’Albert King qui en brandissait une) noire et argentée qu’il ne lâchera plus que l’espace d’un « Leaf And Stream » bardé de son duo de guitares acoustiques.

Mais voilà que Mark Abrahams balance sur sa « Strat » les premiers accents de wah-wah qui lancent le magique « The King Will Come » et le public frémit d’un plaisir nostalgique car c’est le début du show Argus, cet album légendaire et plus que quadragénaire sur lequel chaque morceau est un diamant finement ciselé. On peut remarquer qu’Andy, qui assure désormais 100 % du chant, a confié à Mark la majorité des soli, lui qui les joue depuis l’âge de neuf ans. Comme Obélix, Mark, bien que récemment arrivé dans le groupe, est donc tombé dedans tout petit. Les lignes de twin se font agressives sur « Warrior » et déferlent comme autant de combattants immortels dans la salle de « La Parenthèse » à Ballan-Miré (37).

Nous continuons à être plongés dans une quatrième dimension médiévale et à être subjugués par un « Throw Down The Sword » dont j’ai cependant toujours regretté que Wishbone Ash ne nous délivre pas en live ces deux soli enchevêtrés comme sur l’album – soli qui provenaient en fait d’une erreur d’enregistrement, dixit le producteur d’Argus, Derek Lauwrence : « Il y eut deux prises de solo de guitare d’Andy à la fin de la chanson. Martin Birch, l’ingé son et moi-même oubliâmes de supprimer le moins marquant. Par conséquent, nous entendîmes les deux superposés en fin de piste. Cela sonnait génialement aussi nous les gardèrent tels quels. »

Andy rappelle ensuite avec incompréhension que « Wings Of Desire » est un titre hommage à la chute du mur de Berlin alors que paradoxalement, les « States » envisagent de construire le leur. Le montrueux mid-tempo instrumental « Fubb » débarque alors sans prévenir, dominé par la basse de Bob Skeat (qui présente la particularité d’avoir accompagné la princesse Stéphanie de Monaco) vrombissante comme un bombardier. L’occasion de me rappeler que la dernière fois que j’avais entendu des titres de Wishbone Ash en live, c’était à l’occasion d’un concert d’Andy Powell accompagné par le groupe de Pat McManus. Si ce dernier avait évidemment assuré, j’avais été déçu par son bassiste qui simplifiait systématiquement toutes les parties de basse. Alors quel plaisir ce soir de profiter du jeu ondoyant de Bob Skeat pour reproduire les harmonies rythmiques complexes des titres du Wishbone Ash de la grande époque.

Le rock & roll s’invite aux festivités grâce à « Standing In The Rain » avant de remonter de nouveau le temps avec « Jailbait » sorti du placard de Pilgrimage, l’occasion de faire chanter un public qui n’attendait que ça, lui qui frappe régulièrement et spontanément dans les mains depuis le début du show.

Andy va plus loin en annonçant un titre « qui illustre parfaitement toute l’histoire du groupe » à savoir le dantesque « Phoenix » (créé en 1970 dans leur premier album éponyme) sur lequel la Fender et la Gibson sont poussées à leur paroxysme. Mark Abraham arbore la banane en permanence sur le visage, lui qui prend un malin plaisir à participer à ce déluge d’arpèges psychédéliques. L’intermède reggae ajouté au cœur du morceau apporte un peu de facétie à l’ensemble mais celui qui fait feu de tout bois, c’est le batteur Joe Crabtree (ex-David Cross Band et Pendragon) auteur d’une prestation tout bonnement impressionnante sur ce morceau, lui qui est monté en régime au fil du concert. Andy est un peu à la peine sur le refrain mais on ne lui en voudra pas tant il assure parfaitement ses responsabilités au niveau du chant.

Il faut bien un entracte pour laisser refroidir les cendres encore toutes chaudes du « Phoenix », alors Wishbone Ash repart sur des bases plus légères et moins débridées avec « Faith, Love And Hope » qu’Andy conclura en disant que « c’est tout ce dont on a besoin ».

Le traditionnel et enjoué « Blowin’ Free » conclut le concert de la plus belle des manières, encore un des joyaux d’Argus sur lequel il est impossible de rester en place. Sur ce titre, Andy se taille la part du lion en matière de solo, histoire de montrer que le capitaine du navire Wishbone Ash est toujours au top. Ainsi, cinq des sept titres d’Argus auront été joués dans un concert qui n’est pas un hommage à cet album. À leur écoute en live, ils sont incontournables et n’ont pas pris une ride. J’en aurais même bien repris une rasade avec « Time Was » et « Sometime World » qui manquaient à l’appel.

Merci à Wishbone Ash de m’avoir permis de me ressourcer dans les joies musicales boutonneuses de mon adolescence et à Zak Production (à la peine au mois de décembre) qui vient de démontrer que l’on peut remplir une salle en Touraine sans pour autant proposer la zike de monsieur Tout-le-Monde.

Rudy Zotche

http://wishboneash.com/

2 commentaires

  • Jean-Paul Baume

    La chronique est sympa et assez conforme à ce que, pour ma part, j’ai vu et ressenti ce soir-là. Pour la petite histoire il s’agissait de mon 21ème concert de Wishbone Ash (le premier au festival d’Orange en 1975).
    Si je peux me permettre une ou deux petites précisions et quelques commentaires, toutefois : Muddy Manninen ayant quitté le groupe l’année dernière, Mark Abrahams est nouveau dans le line-up.
    Sa présence et son apport prouvent encore une fois, si c’était nécessaire, qu’Andy Powell sait parfaitement s’entourer.
    Autre chose (concernant le passage de la critique consacré à Phoenix) : la Flying V d’Andy Powell est évidemment une Gibson et non une Fender.
    Si on ne peut que se féliciter d’avoir entendu un grand nombre de titres extraits d’Argus, je regrette quand même que la setlist n’ait contenu qu’un seul morceau du dernier album Blue Horizon, à mon avis le meilleur depuis New England. N’hésitez pas à l’écouter, ou référez-vous au dvd Live in Paris (2016). On n’a pas entendu Open Road non plus, alors que la tournée est appelée Open Road Tour. La version actuelle, revisitée, d’un titre (au départ un peu quelconque) de l’album Number The Brave, est pourtant splendide (là encore, voir le dvd Live in Paris). Mais je crains que la setlist de ce soir-là ait été quelque peu raccourcie parce que la Parenthèse est une salle municipale, et qu’il ne faut pas envoyer le personnel se coucher trop tard…
    Enfin, carton rouge pour les lumières, indignes d’un groupe et d’un concert de cette qualité.
    Toutefois, depuis le temps que je sillonne les routes au fil des tournées de mon groupe de référence, et après des années de lobbying pour le voir enfin à deux pas de chez moi, je ne vais pas faire la fine bouche ! La salle était pleine et tout le monde est reparti avec la banane, merci à Thierry G. et à Zak d’avoir fait de mon rêve une réalité.

    Jean-Paul Baume
    jpbaume@yahoo.fr

    • Rudy Zotche

      Hello Jean Paul et merci pour ces compléments sur mon live report. Pour info et même si je ne suis pas un die hard comme toi de Wishbone Ash, j’étais également présent à Orange 75. Que de chemin parcouru depuis pour ce groupe légendaire et insatiable en live.

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