Le Péage Du Rock 2016 : Le Live-Report

Le Péage du Rock 2016
2016

Le Péage Du Rock 2016 : Le Live-Report

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À peine remis du festival Quadrifonic (10 septembre), nous voilà repartis (1er octobre), direction Le-Péage-de-Roussillon (38) pour Le Péage Du Rock, troisième édition ! LPDR, c’est l’occasion de revoir un paquet de gens croisés à Chadrac (43) pour Quadrifonic. Nos billets en poche, on se retrouve accueillis par Laurent Wilb et Fanny Thibert, les organisateurs en chef, et immédiatement affublés d’un « Backstage Pass » du plus bel effet ! Le temps de s’installer à la table de merchandising dédiée à Grandval et de saluer nos nombreux voisins (Quadrifonic, Orion, Big Bang Magazine, Koid’9, Acid Dragon, Welkome Media Music…), nous voilà embarqués avec un café et de premières discussions avec les membres de Lazuli. La salle se remplit petit à petit, on salue des amis « virtuels » devenant illico « réels », on a à peine le temps de comprendre qu’une chanteuse est sur scène pour une petite animation, et voilà que tout est en place, prêt à accueillir sur scène les Anglais de Credo (même si les racines du groupe sont en Écosse)…

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C’est le premier concert en France pour ce groupe de néo-progressif baptisé Credo en 1993. Forte de trois albums studio et d’un live, la bande du front-man Mark Colton a spécialement préparé ce premier « French Gig ». Credo attaque dans le plus pur style « néo-prog », la musique tirant çà et là vers Pallas, Arena, Marillion et consorts. Le set est plaisant et bien équilibré, même si on peut distinguer un léger problème d’accordage du bassiste Jim Murdock dans les médiums. Mais la rythmique assurée avec Gerald Mulligan permet au guitariste au chapeau Tim Birrell de distiller de belles notes, et plus encore au claviériste Mike Varty de démontrer ses talents, aux claviers comme au chant. Varty, avec ses faux airs de Tommy Shaw (Styx) n’est pas un perdreau de l’année. Fort de collaborations avec Landmarq, DeeExpus, Janison Edge, Shadowland, Mick Pointer, etc., Mike me laisse une belle impression, portant littéralement le groupe à mon sens. Le son est bon dans la salle, les lumières également, à l’exception d’un projecteur stroboscopique étonnamment dirigé vers une partie du public et que je me prends en pleines mirettes… Colton a de-ci de-là quelques petits soucis vocaux, mais le métier fait qu’il ne déraille pas. Son émotion est palpable, et la joie du groupe de jouer pour la première fois en France emporte le public qui lui réserve des applaudissements nourris.

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Le rituel du changement de plateau permet de se désaltérer et ne dure pas trop longtemps, la batterie gentiment mise à disposition par Eric Farges (MDS) pour les trois premiers groupes réduisant les manipulations. Et c’est justement MDS, Monnaie De Singe, qui entre sur scène. Les Aurillacois tournent ensemble depuis un bon moment. J’ai déjà eu l’occasion de les voir sur scène lors de la première édition du festival Quadrifonic en 2015. C’est à nouveau autour de leur dernier album en date, Error 404, que s’organise leur set. Autant vous dire que c’est rôdé, avec en prime deux inédits, sans doute en prévision d’un prochain album. Avec huit musiciens à certains moments, ce sont surtout les chanteurs-chanteuses qui assurent la dimension scénique de la prestation, dans une alternance équilibrée entre les titres chantés par Philippe Glayat et ceux attribués aux sœurs Anne-Gaëlle Montil-Rumin et Sophie Rumin (par ordre d’importance dans les parties vocales). D’ailleurs, ces titres correspondent à des compositions de Glayat dans le premier cas, et du guitariste discret mais au sens de la composition acéré Jean-Philippe Moncanis dans l’autre. Le duo des sœurs Rumin a encore progressé et illumine les titres qu’il interprète (ce qui se ressent à l’applaudimètre), Christophe Laporte distille des soli acérés et la rythmique menée par Éric Farges ne dépasse pas d’un fil, assurant un groove impeccable. Le public est ravi et le montre ! Petite cerise sur le gâteau, une bande de joyeux (mais visiblement intimidés) enfants maquillés de l’éclair d’Alladin Sane viennent interpréter « Heroes » avec MDS, faisant planer sur la salle Baptiste Dufeu l’ombre d’un David Jones dont l’absence n’a pas fini de peser…

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Pause houblon et mise en place du matériel pour Antimatter. J’attends de voir les Anglais sur scène car j’aime bien leurs albums et la voix chaude de Mick Moss. Resserrée, la formation de quatre musiciens propose un set durant lesquels les titres sont lancés par des samples (il n’y a pas de claviériste sur scène) qui posent quelques problèmes sur les premiers titres. Visiblement, les retours donnent également quelques soucis à Moss… Rien à dire, ça joue bien, ça enchaîne, même si la guitare de Moss est un peu trop en avant à mon goût par rapport à celle du soliste… En tournée promotionnelle pour le single reprenant le  « Welcome To The Machine » de Pink Floyd, Moss n’oublie pas de préciser qu’il sera disponible à la fin du set pour dédicacer celui-ci. La version est bien dans l’esprit d’Antimatter, tout en contraste entre une musique plutôt froide et lourde et la chaleur de la voix de Moss. Le groupe termine de manière plutôt professionnelle et, sans joie apparente, quitte la scène… Un concert plutôt propre, peut-être trop, manquant d’âme et d’échanges avec le public. D’ailleurs, aucune trace de ce gig sur la page Facebook du groupe, comme le signe d’une prestation à oublier…

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Nouvelle pause plus longue pour le changement de configuration et l’entrée en scène de Lazuli. Nombreux sont ceux dans la salle qui ont déjà vu le groupe (ce n’est « que » la troisième fois pour ma part) et qui sont conquis par les sympathiques Gardois venus présenter le petit dernier, Nos Âmes Saoules. C’est toujours compliqué de présenter un concert de Lazuli. Les voir et les écouter sur scène est un tel plaisir qu’on en oublie de prendre des notes, voire des photos, tellement ils vous attirent par leur joie communicative, même quand ils interprètent des titres fort et graves. Lazuli propose nombre de titres du dernier album, mais aussi des versions différentes d’anciens morceaux, tout à fait dans l’esprit de l’ambiance voulue. Dominique Leonetti est un immense chanteur (ce qu’il fait en débutant le concert avec les parties vocales difficiles de « Le temps est à la rage » est grandiose), son frère Claude a encore développé son jeu et ses sons à la Léode, Gédéric Byar est tout au service du groupe, échangeant avec Claude, distillant quelques traits magnétiques de sa science du riff et du solo qui vous remuent… Et puis, il y a les deux petits derniers de la bande : Romain Thorel et Vincent Barnavol. Vincent est un batteur impressionnant doublé d’un joueur de marimba aguerri, sans oublier ses parties vocales soutenant admirablement Domi sur certains titres. Romain est un musicien complet : claviériste, il prend de plus en plus d’importance dans le groupe (notamment sur le dernier album) ; joueur de cor, il n’hésite plus à venir au devant de la scène et à mettre l’instrument en avant ; choriste, il complète également parfaitement les harmonies vocales du groupe ; enfin, on le découvre même batteur sur un titre permettant à Vincent de passer au marimba. Le public est conquis, les sourires se dessinent sur les visages, ceux qui ne connaissaient pas le groupe sont subjugués ! Et les Lazuli, Domi en particulier, d’ouvrir leurs yeux et leurs oreilles quand le public entonne le final de « Les Courants Ascendants » ! Et cette communion est communicative, Romain et Vince emboîtent le chœur des spectateurs avec une de ces improvisations dont ils ont le secret, sous l’œil goguenard de leurs indéniables trois frères de musique… Et ce n’est pas fini, avec le rituel « 9 Hands Around The Marimba » durant lequel l’évocation du « Solsbury Hill » est remplacée par celle de « Heroes », joli clin d’œil aux enfants venus interpréter ce titre peu auparavant. Lazuli peut quitter la scène et laisser un public qui ne se lasse pas de les entendre : décidément, échangeront certains d’entre nous durant la pause, ce groupe n’arrive pas à être décevant, à quelque point de vue que ce soit !

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C’est encore sous le choc de cette prestation « ogresque » que nous nous préparons à accueillir Vanden Plas. Le temps de voir le tirage des lots de la tombola, dont une basse signée par les membres des groupes participant au festival. Les Allemands de Vanden Plas, donc, sont la tête d’affiche de la soirée, sorte d’appel au public metal et metal-prog dont on se demande ce qu’il va pouvoir faire après le passage de l’ouragan d’Alès… Eh bien, pas grand-chose à redire de la prestation de la bande à Andy Kuntz. D’abord, ça joue fort, très fort, trop fort même. A tel point que parfois les sublimes parties de guitare de Stephan Lill sont un peu noyées dans un déluge sonore. C’est souvent le problème des groupes de metal : comme si c’était à celui qui allait jouer le plus fort ! Mais là, Vanden Plas est devant un parterre d’amateurs de musiques parfois plus feutrées et délicates et au fur et à mesure, la salle se vide peu à peu (certains sont venus de loin et rentrent dans la nuit). Mais cela ne démonte pas Andy et ses sbires, ni les quand même rares fans venus spécialement pour le gang de Kaiserslautern. Il y a le feu sur la scène, les titres récents ou plus anciens s’enchaînent, Vanden Plas laissant même pas mal de place (petit clin d’œil à la sortie de Domi Leonetti en fin de set) à ses titres les plus progressifs. Le bassiste remplaçant sous sa casquette et son air débonnaire est assez impressionnant, bref, une machine parfaitement huilée qui déroule sa set-list sous la baguette d’un Andy qui se donne à fond. Belle prestation d’un groupe que j’ai enfin pu voir en concert !

Difficile de partir après une telle journée. Mais la fatigue est là. Le temps de saluer ceux qui ne sont pas déjà partis ou en train de s’affairer au rangement du matériel, et hop, en route pour l’hôtel, des souvenirs, des images et des notes plein la tête. Le pari des organisateurs semble être gagnant. Suffisamment de monde, une belle organisation (petit bémol sur la qualité des hot-dogs, mais il faut dire qu’après Quadrifonic, on devient vite exigeant…), une équipe disponible et bien rodée (d’autant plus que L’Abeille rôde, n’est-ce pas les Lazuli ?), des groupes variés et performants, un public participatif et sans aucun doute prêt à revenir l’an prochain. C’est tout le mal que l’on peut souhaiter au Péage du Rock. Maintenant que vous êtes prévenus, en 2017 on notera les noms des absents…

Henri Vaugrand

Merci à Elodie Saugues pour les photos et à Gil Prog pour la vidéo !

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