Laura Marling – Short Movie

Short Movie
Laura Marling
2015
Virgin Records

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Tout comme Emily Jane White (voir ici la chronique sur C&O), Laura Marling est une voix relativement neuve dans l’univers du folk (avec en 2008 un premier album très remarqué, à 18 ans à peine). Une voix à la fois très personnelle et très authentique, au point que sur ses deux derniers albums, on croirait entendre Joni Mitchell dont elle a adopté (souvent en plus musclé…) le style, le phrasé et jusqu’aux intonations. Notamment sur ces fins de strophes semi-parlées interrompant brièvement la ligne mélodique, typiques de sa célèbre aînée américaine. Les fans de Joni ne pourront donc que se précipiter pour vérifier cela de visu (si l’on peut dire), alors que tous les autres, même moins immergés dans le folk « historique » des seventies, trouveront dans cette nouvelle égérie blonde du folk une authenticité naturelle et évidente, qui s’impose et vous explose aux oreilles comme la reconnaissance d’un vrai talent.

La comparaison avec les premiers albums est saisissante. Un peu comme si, sur ses deux derniers opus, Short Movies et Once I Was An Eagle), la (toujours…) jeune chanteuse avait oublié toutes ses inhibitions (disons la voix un peu atone de ses débuts) et changé d’un coup de modèle et de style après ces premiers albums sages et presque timides, ceux d’une jeune fille « bien comme il faut » restant dans le rang d’un folk bien rangé et sans autre surprise à offrir que sa qualité formelle. Cette mutation ou cette prise d’assurance assez spectaculaires transforment radicalement ses sets et ne se limitent pas à la voix, le jeu de guitare est lui aussi plus nerveux et parfois plus rock que folk, bien que principalement acoustique.

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Cette mutation récente devrait lui ouvrir un public plus large que celui du folk, qu’elle trahit moins qu’elle le renouvelle et le modernise, y injectant une belle énergie et une pulsation rythmique assez bien vues. Lorsque Dylan s’énerve et s’électrifie, on appelle cela du rock, alors qu’avec ces deux opus mutants de Laura Marling, le ton reste encore ancré dans le folk, mais un folk comme « dépoussiéré », devenu plus nerveux et tonique, avec même quelques réminiscences de Dire Straits dans le très électrique « Gurdjieff’s Daughter ». On avait appris via la presse que la jeune chanteuse s’était fortement remise en question en 2013, sur le point d’abandonner sa carrière, avant de nous offrir deux opus transformés, bourrés d’une énergie nouvelle. Comme si une autre Laura Marling était née de ses cendres ou de ses doutes existentiels sur ses possibilités ou son envie. Et à l’écoute de ses deux derniers opus, on en tremble encore pour tout ce qu’on aurait perdu, si elle avait jeté l’éponge !

A écouter d’urgence, tant pour les amateurs de folk « bien comme il faut » (à l’ancienne, celui de la Joni Mitchell des premières années) que de voix et de tonalités plus modernes et toniques, un sacré coup de jeune dont le folk a parfois besoin pour mieux se faire entendre.

Jean-Michel Calvez

http://www.lauramarling.com/

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