Kindo – Happy However After

Happy However After
Kindo
Autoproduction
2018
Pascal Bouquillard

Kindo – Happy However After

Happy However After- Kindo Cover

Imagine un pays très beau, très grand, où les gens doivent avoir trois jobs (même si aujourd’hui c’est difficile d’en garder un sans être viré du jour au lendemain pour cause de coronavirus) pour réussir à payer leurs notes de docteurs (s’ils ont assez d’argent pour payer d’abord leur assurance maladie autrement faut pas espérer rester à l’hosto) et à payer leur mascotte d’université dont ils n’ont pas fini de rembourser les 100 000 $ que leur ont coûté ces quatre années d’études « inoubliables ». Eh bien dans ce pays d’exception, hier, je rentrais en moto, trempé jusqu’aux os, sous une pluie d’orage à décorner les cocus, en écoutant Happy However After de Kindo (qui ne s’appelle plus The Reign Of Kindo, je te prie de bien vouloir le noter) et j’étais heureux ! Oui oui monsieur, HEUREUX, malgré tout ça et le racisme, la corruption et les malades mentaux armés jusqu’aux dents. C’est te dire la puissance de cet album magique !

Kindo nous offre rien de moins, dans ces périodes troublées, qu’un bol d’air pur dans un bordel dur. Y paraît que c’est du prog ! Bon, peut-être, il faut que j’écoute les autres albums, en tout cas celui-là c’est autant du prog que Dirty Loops par exemple. (C’est yéyé et commercial Dirty Loops, j’espère que tu connais ce fleuron de la musique populaire suédoise, autrement tu ne comprendras pas bien ce que je veux dire).

Happy However After- Kindo Band 1
« Human Convention » joue avec les mesures comme un adolescent joue avec son « sifflet », sans jamais perdre ni le groove de la chanson, ni la pulsation qui te fait littéralement user le fond de ta culotte sur le coussin de ta chaise, ce qui n’est pas toujours le cas ni des adolescents, ni de leur sifflet. Les soli de vents ou de percussions très Phil Collins te transportent au temps où la pop était décomplexée et jouissive parce qu’interprétée par de vrais musiciens. Y’a pas une note de trop dans ce titre et quand y’a plus rien à dire, bin le morceau s’arrête et te laisse dans l’état idoine pour apprécier le morceau suivant, tendre et délicat « Catch The Gleam » en 12/8 (ternaire donc) avec toujours le même plaisir de superposer du 2 sur du 3 ou du 3 sur du 2 (tu sais comme « Everybody Wants To Rule The World » de Tears For Fears). La mélodie est délicieuse et les textes, comme tout au long de l’album, sont résolument optimistes, admiratifs voire curatifs. La voix de Joseph Secchiaroli rappelle celle de Casey Crescenzo de The Dear Hunter (très américaine donc) et il y a un peu de Muse aussi dans cette bombe surprise, (cette dernière phrase est un clin d’œil aux admirateurs de la « diligence » de Lucky Luke, les autres circulez, y’a rien a vouaaaaaar), (cette dernière parenthèse était un clin d’œil à Coluche mais dois-je le préciser ? non ? très bien, je poursuis donc) simple et rafraîchissante.
« Let Me Be » (que tu ne dois pas prononcer Laid Meuh Boeufs mais Lette Mi Bi) superpose habilement une pulsion latine genre bossa nova avec un enregistrement pudiquement dissimulé de la voix puissante du grand leader adulé du pays merveilleux en flagrant délit de menace d’homonyme. (Rassure-toi, il a ensuite déclaré qu’ils étaient tombés amoureux alors, tout va bien n’est ce pas ? Ça n’est pas encore l’heure de la mobilisation nationale hein ? Tu peux finir mon pétard !). Ça groove, ca module et laisse beaucoup de place à la basse de Jeffrey Jarvis pour briller. Ça parle de relations humaines et de mensonges (vraiment ? quelle surprise !) et le refrain est irrésistible : écoute la partie rythmique du piano ! Mais écoute ! Et la gamme par ton à la guitare entre 2 couplets c’est pas un délice ça ? Du grand art ! « One In A Million » procède de la même recette mais c’est au tour de Kelly Sciandra et Danny Pizarro de briller, cette fois-ci sur un rythme de rumba plutôt que bossa mais ça fait bouger les hanches pareil même s’il s’agit, il est important de le préciser, d’un groove blanc hein on est bien d accord ! Les folies du carnaval sont restées à Rio, tout est nettoyé, poli et bien rangé comme il faut à la maison. (Aaaaah tu m’as fait peur !!). Et le bonheur seventies se poursuit avec « Smell Of The Rose ». J’adore. N’oublie pas de prendre tes cachets, car la nostalgie peut tuer aussi surement que le Covid19 après un meeting de masques septiques du pays merveilleux dont auquel ch’te causais (Clin d’œil aux amateurs de San Antonio ? un peu mon n’veu !). Une petite intro en rappel de « Human Convention » et nous voilà découvrant le triste matin de ce chanteur pleurant sa belle, en binaire… Enfin jusqu’à ce que rentre la batterie. À ce moment-là, tu réalises qu’il chantait en ternaire le pleurnicheur. À mon âge, ça continue de me ravir ces petites astuces de musiciens.

Happy However After- Kindo Band 2
Quel savoir-faire de professionnels ! Cet album a la qualité musicale d’Apple Venus Volume 1 de XTC (pourtant pas facile à égaler). Je passe « Colder Than December » qui, pour mon goût très arrêté, dépasse la limite tolérable entre le plaisir et la douleur et me fait mal à la guimauve commerciale, ce que « About Love » parvient à éviter habilement grâce au riff de guitare envoûtant du centre du morceau (que tu ne peux pas avoir raté). Sur « Obsolete » c’est la basse qui est à l’honneur et t’hypnotise gentiment et toujours ces mélodies envoutantes et ces modulations osées si bien amenées. Le dernier titre a un petit arrière-goût charmant et inattendu d’Ultravox et se termine sur un groove fusion qui manquait au tableau.

Messieurs de Kindo, chapeau bas et Happy However After!!

http://thereignofkindo.com/home

 

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