Kant Freud Kafka – No Tengas Miedo

No Tengas Miedo
Kant Freud Kafka
2014
Autoproduction

kant Freud Kafka

Projet du batteur et compositeur espagnol Javi Herrera, Kant Freud Kafka peut sembler prétentieux si l’on s’en tient à son nom. En effet, combinant les noms de brillants esprits littéraires, on imagine une entreprise démesurément ambitieuse. Et c’est en effet le cas comme vous allez pouvoir vous en faire l’idée à la lecture des lignes qui suivent. « No Tengas Miedo », le tout premier opus de Kant Freud Kafka, vient nous rappeler à quel point les liens entre le rock progressif et la musique classique sont étroits. Ces deux mondes s’y relaient ici tour à tour, tentant de former un ensemble cohésif. Servis par une guitare acoustique mélancolique, un violoncelle enlevé, des violons criant leur douleur, un piano tour à tour léger et inquiétant, des cuivres menaçants, les passages classiques, auxquels une flûte délicate et un hautbois pensif donnent une coloration bucolique, nous renvoient aux œuvres les plus émouvantes de l’ère romantique.

Par ailleurs, le glockenspiel, mais également la harpe et les claviers à caractère symphonique (« Antítesis »), apportent une touche féérique à l’ensemble. Quant aux sections batterie/guitare/synthés, elles reprennent les ingrédients du genre « progressif », notamment dans les sonorités vintage des claviers, tout empreints de cette nostalgie genesienne, là où une guitare obsédante fait planer l’esprit de Robert Fripp (« Hombre »). Le groupe se permet même quelques incursions blues (« Dama »), jazz (« Antítesis ») et funk (« Viajes », « Antítesis ») quand l’orgue Hammond rejoint la guitare. A l’écoute de cet album, on pense notamment à The Enid ou au regretté Marco Antônio Araújo, tant la fibre syncrétique de Kant Freud Kafka est élaborée.

Au final, voici un batteur à l’imagination débordante qui sublime son propos par une utilisation raisonnée des cordes et des instruments à vent. Rares sont les artistes qui arrivent à faire cohabiter la musique classique et le rock de manière aussi fluide. Mais qu’on se le dise, Javi Herrera y est parvenu avec brio et fait maintenant partie de ces oiseaux rares.

Lucas Biela (9/10)

http://kantfreudkafka.bandcamp.com/

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