Hommage à McCoy Tyner (1938 – 2020)

Hommage à McCoy Tyner (1938 - 2020)
Lucas Biela

Hommage à McCoy Tyner (1938 – 2020)

McCoy Tyner band 1

Le pianiste McCoy Tyner s’en est allé rejoindre au ciel les autres membres du quartet de John Coltrane.

Quelle chance j’ai eue adolescent ! La discothèque de prêt du coin regorgeait de grands classiques (ou de futurs classiques) en tous genres : le Live Evil de Black Sabbath, le Truth And Soul de Fishbone, le Fluvius de Didier Malherbe, le Stain de Living Colour, le Love Supreme de John Coltrane, mais également le Real McCoy de McCoy Tyner. C’est en fait la participation de McCoy Tyner au quartet de John Coltrane qui m’avait poussé à jeter une oreille sur cet album désormais mythique du pianiste. Du rythme, des couleurs, de la virtuosité, de la légèreté, de la mélancolie, on y retrouvait autant d’éléments qui contribuèrent à façonner mon amour grandissant de la musique. Car en effet, McCoy Tyner, héritier d’Art Tatum, savait faire le lien entre la mélancolie de Fryderyk Chopin, les errements de Claude Debussy, l’espièglerie de Wolfgang Amadeus Mozart et la virtuosité de Franz Liszt. Bien qu’ayant démarré sa carrière avec des noms prestigieux tels que Curtis Fuller et Art Farmer, c’est sa participation au quartet de John Coltrane, dès 1960 qui propulsa la carrière de McCoy. Il n’attendra d’ailleurs pas deux ans avant de publier son premier album. The Real McCoy n’arrivera que cinq ans plus tard, et de toute sa carrière très prolifique (jusqu’en 2009, ce n’est pas moins de deux albums par an qui sortaient sous son nom), c’est celui que l’on retiendra.

McCoy Tyner band 2

On se souviendra également que McCoy était un pianiste fidèle à une esthétique acoustique, et surtout modale, du jazz. En effet, la tournure free que prenait la carrière de John Coltrane au milieu des années 60 a contribué à rompre leur collaboration, le pianiste ne se retrouvant pas dans le nouveau style du saxophoniste. Leur complémentarité avait d’ailleurs été tellement étroite que le saxophoniste ne chercha pas à remplacer son pianiste par la suite. En outre, contrairement aux membres du second quintet de Miles Davis, McCoy n’a jamais cédé aux sirènes de l’électricité. En effet, même si on peut retrouver dans sa discographie post-Real Mc Coy des éléments de spiritual jazz et de kozmigroov, ainsi que de longues plages typiques des années 70, le jazz-fusion n’a jamais fait partie de son langage musical. Voici donc un pianiste qui a suivi son instinct, et pas les tendances de l’instant. Malheureusement, à l’inverse d’un Herbie Hancock ou d’un Chick Corea, la carrière solo de McCoy n’en a que davantage souffert, le public se rappelant de lui essentiellement comme du pianiste de John Coltrane. Il n’en demeure pas moins un géant du jazz, et sa mort vient nous rappeler que sa carrière solo unique mérite autant d’intérêt de la part du public que pour celles d’Herbie Hancock ou de Chick Corea.

https://mccoytyner.com/

 

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