Hommage à Holger Czukay

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D’abord les faits. Holger Czukay, s’est éteint à l’âge de 79 ans. Il a été retrouvé sans vie dans le studio du groupe, un vieux cinéma situé dans la périphérie de Cologne, à Weilerswist. Il était le cofondateur et le bassiste de Can, un des groupes parmi les plus iconiques de cette musique à la fois si diverse et si fondamentale qu’on appelle le Krautrock. Il n’y a pas si longtemps, le 22 janvier dernier, c’était déjà le batteur de Can, Jaki Liebezeit, qui nous avait quittés. Il fait sale temps en ce moment sur Can. Mais c’est aussi l’occasion de se poser la question qui fait mal. Qui, à part les vieux ours comme moi, connaissait encore Jaki Liebezeit ? Et pourrait me dire, comme ça, au pied levé, dans la rue, qui était Holger Czukay ? Et pourtant, avec la disparition de Holger Czukay, c’est encore tout un pan de la musique, si cruciale, des années 70 qui menace de sombrer dans l’oubli.

Alors, que je rappelle ici très — trop ! — brièvement qui était Holger Czukay. Je crois qu’il faut toujours se souvenir qu’il a été pendant quelques années fondatrices un des élèves de Karlheinz Stockhausen. Rien que ce nom explique — pour ceux et celles qui le connaissent, bien sûr — l’esprit révolutionnaire du rock que jouera Holger Czukay au sein de Can. Mais comment expliquer Karlheinz Stockhausen, le Krautrock, Can à ceux et celles qui ne connaissent pas le nom, le mouvement et le groupe ? Il faudrait leur dire que tout ceci est essentiel, central, que tant et tant de groupes actuels se réclament du Krautrock et plus spécifiquement de Can. Moi, je connais tout ceci, par cœur même, puisque je baigne personnellement dans la musique expérimentale. Mais aux autres, comment leur dire que Holger Czukay, c’était vraiment du lourd ?

Disons que Karlheinz Stockhausen, le Krautrock, Can et Holger Czukay, c’était avant tout un état d’esprit de remise en question permanente, de renouveau radical, de liberté musicale à niveau maximal. Pas de référence sacrée, pas de repos sur ses lauriers, pas de plan pour le futur. Le mot d’ordre de Can était improvisation. On se prépare mais on ne prépare rien. Et à 3, on y va. On y va à l’instinct, à l’intuition, en réaction, à l’énergie, à l’aveugle, peu importe, on avance. Tant pis pour ceux qui tombent en cours de route, n’est-ce pas Holger ? Show must go on. À ceux et celles qui te connaissaient, à ceux qui font et qui feront encore et toujours la même musique que toi, dans le même esprit, tu vas vraiment manquer, par ton courage, par ta profondeur, par ta constance, par ton exemple, par ton œuvre.

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Auf wiedersehen, mein schöner Freund, schlafen Sie gut, Träumen Sie süß, immer wieder, endlos.

Frédéric Gerchambeau

 

Un commentaire

  • pat

    Encore un grand bonhomme qui nous quitte ,novateur , défricheur et souvent génial avec ou sans Can , groupe qui a bercé entre mille autres mon adolescence…..
    Salut l »artiste

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